Le rapport de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, sur la qualité des eaux dans le bassin, fait état d’une situation qui s’améliore très lentement sur le plan chimique.
Le rapport a été réalisé par l’Agence de l’eau sur la base de 3 millions d’analyses annuelles et réunit les données d’organismes partenaires (DREAL, ONEMA, IFREMER, conseils généraux, centre d’océanologie de Marseille et syndicat de la nappe Vistrenque).
Le bilan reste encore négatif: 40% des cours d’eau et 20% des nappes contaminés par des pesticides, dont certains sont aujourd’hui interdits
Pas de baisse de la consommation de glyphosate
La substance herbicide glyphosate, substance active du Roundup, arrive en tête des molécules les plus retrouvées dans les rivières. C’est le produit phytosanitaire le plus vendu sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse avec près de 4 000 tonnes commercialisées en 2009, 2010 et 2011 selon les données de la banque nationale des ventes des distributeurs. L’Agence de l’Eau ne note aucune évoluition à la baisse.
49 substances interdites encore retrouvées
Ce qui est plus inquiétant, c’est la présence de 49 substances interdites de commercialisation en France dans les rivières. Vingt substances interdites sont retrouvées dans les eaux souterraines.
L’Agence a fait appel à l’INRA, à l’IRSTEA et au BRGM pour comprendre cette contamination. Les études confirment l’existence de stocks de triazines (herbicide) dans les sols qui peuvent être relargués. Mais pour l’Agence, ” rien ne permet d’exclure des usages actuels de pesticides interdits, surtout que les concentrations de la molécule mère ne baissent pas à certains endroits du Beaujolais et du Roussillon.”
Trente huit nappes recèlent trop de substances chimiques
Le rapport de l’Agence de l’Eau, montre que 38 nappes dépassent la norme de potabilité de 0,1 microgramme de pesticides par litre. L’eau est alors inutilisable sans traitement préalable pour 49 captages. La valeur limite de 2 μg/l à ne pas dépasser pour qu’une eau brute puisse être utilisée pour fabriquer de l’eau potable est largement dépassée pour des stations situées sur l’Ouche (Côte d’Or), la Reyssouze dans l’Ain, et l’Aussous dans l’Aude.
La pollution par les nitrates fait l’objet de réglementations européennes que la France a tardé à adapter et à appliquer. La mise en place de mesures provoque des réactions de la part des éleveurs qui se plaignent des difficultés à stocker et à épandre les déjections issues des élevages.
La pollution par les nitrates reste limitée à quelques rivières situées en zone agricole dans le Lauragais (Rebenty, Tréboul, Fresquel, Preuille) et le Beaujolais (Ancelle, Vauxonne) avec des concentrations supérieures à 50 mg/l. Ces pollutions obligent les distributeurs d’eau à investir lourdement pour fournir de l’eau potable au robinet.
Selon le Commissariat général au développement durable, les ménages français payent un surcoût de 300 à 450 M€, de 400 à 700 millions si l’on ajoute le coût induit par les nitrates pour déplacer des captages ou traiter des eaux contaminées (source :
La pollution organique divisée par 10 en 20 ans
Même si elle a été parfois tardive, la mise aux normes des stations d’épuration, urbaines et industrielles, a amélioré la qualité de l’eau. La concentration en ammonium dans les rivières a été divisée par 10 en 20 ans. Sur le Rhône 30 tonnes d’ammonium par jour transitent en moins à l’aval de Lyon. L’ammonium est responsable de la prolifération des végétaux aquatiques et l’une de ses formes, l’ammoniaque, est hautement toxique pour les poissons.
Comme dans les lacs, la concentration en phosphate dans les rivières a été divisée par 10 depuis les années 90 grâce à l’interdiction des phosphates dans les lessives. L’eutrophisation s’est nettement réduite sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse. Les espèces d’invertébrés les plus sensibles à la pollution reviennent peupler les rivières (indice passé de 4 à 6 sur une échelle de 9 depuis 20 ans).