Il existe déjà le « slow » food, ( horrible dénomination qu’il est possible de traduire par ” alimentation lente’, par rapport au « fast food », l’alimentation rapide et standardisée. Le tourisme lent commence à se développer aussi.
Il n’a en fait jamais totalement disparu. Il y a toujours eu des marcheurs, des chemineaux, des randonneurs, des pélerins de Compostelle, des arpenteurs de ville, des piétons le nez en l’air.
Cette démarche sobre, simple, économique mais riche de sensations et de relations prendra peut-être un nouvel essor. Sans les écarts un peu snob du « slow food » qui n’est pas toujours à la portée de toutes les bourses et ne cache pas certains accents « BoBo », Bourgeois Bohème.
Lent et positif
Pratiquer le tourisme lent, suppose d’abord de s’affranchir de la connotation négative attachée au mot lenteur dans une civilisation de l’accélération qui propose et impose que tout aille plus vite, des neurones aux pieds, en passant par la bouche et l’estomac. Il faut renouer avec la lenteur positive, riche, pleine, que prônait Pierre Sansot, dans ” Du Bon usge de la lenteur” (1)
Il faut aussi se déprendre d’un carcan social qui stigmatise la lenteur dans les moments de liberté que sont les vacances, le tourisme, le voyage, la balade, la découverte. Il faudrait arriver très vite en des lieux recherchés pour la détente, c’est-à-dire accumuler de stress pour mieux l’évacuer !
Il faut aussi renouer avec la vraie liberté, qui n’est pas d’être attaché à l’urgence, mais qui est de se laisser porter par l’environnement.
C’est sur ce point qu’intervient le rôle des transports collectifs en particulier dans le domaine des loisirs. Un domaine qui génère à lui seul 10% des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité.
Transports collectifs
Or les transports collectifs sont une solution pour un tourisme différent. Il ne s’agit pas de rejeter la voiture comme formidable moyen de liberté individuelle, comme formidable véhicule de découverte. Et demain matin, la voiture sera plus propre : plus légère, mieux adaptée à des usages précis, alimentée par de l’électricité solaire et louée sur place, elle permettra de parcourir les quelques kilomètres qui nous porterons vers les lieux désirés.
Le transport collectif conservera toujours d’autres vertus. Il est moins cher et moins polluant. Et il est collectif, c’est-à-dire qu’il propose non seulement le transport, mais aussi du lien. Il m’est arrivé d’aller de Lyon au Grand Paradis en train et en autocar, et de la même manière, dans les Bauges, à Chamonix, dans le Vercors ou dans le Bugey. Récemment, c’est en car que je suis allé à Saint Laurent de Chamousset, beau village des Monts du Lyonnais pour une randonnée en direction de Tarare.
Des banalités échangées en attendant l’heure du départ, deux mots avec le conducteur, un brin de causette avec des voyageurs, l’abandon en regardant défiler le paysage, la découverte d’un village, l’immersion dans une autre ambiance, un retour depuis Tarare coloré par les fêtes de la Mousseline au milieu de voyageurs qui renouaient avec le train : le tourisme lent était agréable.
Partout, le transport collectif permet ces découvertes. Bien sûr, le voyage en Italie de Giono, en voiture, et l’Usage du Monde, du Suisse Nicolas Bouvier, montre que l’auto possède une richesse irremplaçable.
Mais bien souvent il est possible de se laisser transporter ! C’est ce que rappelle l’initiative de Camp to Camp et de Mountain Wilderness en faveur de l’approche en transports en commun.
C’est une piste à suivre en France et en Rhône-Alpes.
Pierre Sansot, Du Bon usage de la lenteur, Manuels Payot,