« Créer un lapin transgénique fluorescent ou exposer une culture de ses propres cellules de peau : bienvenue dans le monde du bioart, nouvelle forme artistique qui s’appuie sur les biotechnologies. La démarche est récente, étonnante, parfois esthétique, souvent controversée. A quel moment la science devient-elle de l’art ? Où doit-on fixer les limites dans la manipulation du vivant ? A l’occasion de « Rues des sciences », l’association Mille et une Sciences, le CCSTI du Rhône et le Musée des Confluences vous proposent d’en débattre avec biologistes et artistes.
Exposer des corps humains écorchés et « plastinés ». L’idée a enthousiasmé parfois, a choqué souvent, a fait débat assurément. Our body, à corps ouvert s’était installé fin mai 2008, à la Sucrière à Lyon, après un refus retentissant du comité national d’éthique de la Villette à Paris.
Et pourtant, près de 30 millions de personnes dans le monde ont pu découvrir cette exposition « artistique et pédagogique » selon les uns, « trash et dégradante » pour les autres.
Serait-ce ça, le bioart ? La très célèbre Wikipédia définit cette évolution récente de l’art contemporain comme « un art prenant pour medium les ressources plastiques offertes par les biotechnologies (…) et mettant à nu les peurs traditionnellement inspirées par la technologie. »
Pourtant la culture de tissus vivants, les modifications génétiques ou morphologiques sont traditionnellement l’apanage des scientifiques. Or il semblerait bien que ces deux camps, sciences et arts, se soient rapprochés. Le bio-artiste Eduardo Kac a ainsi utilisé l’image de la lapine fluorescente Alba, de l’Institut National de Recherche Agronomique (I.N.R.A.), pour la transposer dans le domaine des bioarts.
Si la science est considérée comme de l’art et que les bioarts rejoignent les sciences, les frontières se brouillent. Une image de cellule de laboratoire est peut-être déjà une forme d’art. Après tout, artistes et scientifiques pourraient bien livrer le même combat : apprendre et comprendre.
Les puristes diront qu’il existe bien une frontière : la finalité de ces deux types expériences. Le pinceau s’adresse au sensible, l’éprouvette fait évoluer les connaissances. L’artiste souhaite alerter, émouvoir, questionner, se faire connaître. Et le scientifique ?
Pour mieux appréhender et comprendre les différences et les ressemblances entre ces deux « espèces », il faudra interroger leurs histoires. Car si les bioarts peuvent être un format de culture scientifique, au même titre qu’une exposition de science, ils sont assurément les déclencheurs de débats « Science/Société »
A quel moment la science devient du bioart ? Que disent bioarts et biotech sur notre rapport au vivant ? Les bio-artistes nous questionnent-ils sur les frontières éthiques à ne pas dépasser ? Est-ce une prétention à dominer et désacraliser le vivant et la nature ? Les mêmes règles éthiques sont-elles observées en biotechnologie et en bioart ? Jusqu’où peut-on aller dans la manipulation du vivant ? »
L’association Mille et une sciences vous invite à venir en débattre. Nous vous attendons avec plaisir, le lundi 23 mars, de 18h45 à 20h45, au Café de la Cloche, 4 rue de la Charité, à Lyon
INTERVENANTS
(Sous réserve de confirmation)
• Axel Guïoux, Maître de conférences en anthropologie, Université Lyon 2
• Louis-Marie Houdebine, Directeur de recherches en biologie du développement, INRA, Paris
• Mourad Messoubeur, Artiste – plasticien, Marseille
Le débat sera animé par Sébastien Buthion et Céline Gottel, membres de Mille et une sciences.