Au moment où le Grenelle de l’Environnement prépare des proposition pour une nouvelle gestion des questions d’environnement, Hélène Blanchard, vice-présidente ( Verts) de Rhône-Alpes chargée de l’Environnement, insiste sur les limites de la décentralisation. L’Etat doit conserver ses fonctions régaliennes en matière de risques, en associant davantage les collectivités.
Le dossier de la pollution du Rhône a montré selon vous les lacunes de la surveillance de l’eau ?
Ce dossier a montré combien l’Etat réagissait lentement, comme il tardait à informer les collectivités, les associations, les populations. Trop souvent, les services de l’Etat ne viennent nous solliciter que pour des compléments de financements, sans nous associer pleinement.
On ne peut plus fonctionner de cette manière dans une société démocratique. Il faut un changement de mentalité.
Bien sûr, la Région n’a pas l’environnement dans ses compétences, bien sûr, la Direction de l’Environnement de la Région ne compte que 43 personnes. Mais nous sommes proches des réalités, nous travaillons avec les Départements, avec les agglomérations. Nous avons mis en place une nouvelle approche des contrats de rivières, avec des objectifs plus concrets, qui semble intéressante. La Région a été sollicitée pour les réserves naturelles et s’occupe d’un nombre de plus en plus grand de réserves. Elle s’est engagée sur bien des actions et bénéficie de retombées positives, pour la notoriété, pour l’efficacité.
Irremplaçables associations
Quelle est la place des associations qui justement jouent un rôle de sentinelles ?
Elles jouent un rôle irremplaçable, sans la rigidité des administrations, avec un dynamisme énorme, une mobilisation sur le terrain. Rien de tel pour faire un suivi d’animaux la nuit, que des militants associatifs passionnés.
Mais aujourd’hui les associations sont trop fragilisées, à chaque changement d’exécutif, elles courent des risques de modification de financement. Nous avons conclu avec les associations des conventions pluri-annuelles et fait passer les aides de 1 à 4 millions d’euros.
Nous voulons aller vers le financements d’actions qui seraient proposées par les associations en fonction des projets de la Région.
Comment imaginez vous l’évolution des compétences régionales ? ?
Des propositions sont présentées au Grenelle de l’Environnement par l’Association des Régions de France, pour une plus grande décentralisation des compétences en matière d’environnement en direction des régions. Mais je ne suis pas tout à fait d’accord. Il faut être très prudent et engager une vraie réflexion, qui n’a jamais eu lieu, sur ce sujet. On a fonctionné par petits morceaux, parfois à la hussarde. On a donné aux Régions la gestion des réserves naturelles, mais sans leur donner les moyens.
On nous a donné la responsabilité du Plan Régional d’Elimination des Déchets Dangereux, qui demande beaucoup de temps, qui nous conforte dans notre politique en faveur de l’écoconception , de la réduction des déchets à la source, mais nous n’avons pas eu les moyens. De même pour le Plan Régional pour la Qualité de l’Air.
Pour les lacs alpins, on a vu une levée de bouclier des maires qui entendaient conserver le contrôle de ce qu’ils voulaient réaliser chez eux. La Région a donc demandé à l’Etat de conserver la compétence sur ces lacs.
Aller plus loin pour la biodiversité
Comment répartir les compétences ?
Nous avons déjà fait des pas en matière de biodiversité, nous pouvons aller plus loin, par exemple au niveau des réserves naturelles, et même au niveau de parcs nationaux. Mais il faut transférer les moyens.
Les risques naturels et les risques industriels doivent rester de la compétence de l’Etat, et font partie de ses fonctions régaliennes . Il faut que l’Etat consacre davantage de moyens humains ce qui ne veut pas dire qu’il doit travailler seul. Il faut que pour les Régions aient accès à l’information et ne soient pas considérées simplement comme des payeurs, qui viennent sur un strapontin, pour financer de temps à autres des experts que l’Etat lui-même devrait payer.
Comment organiser la gestion des questions environnementales au niveau régional ?
Il faut mettre globalement en place un service public de l’environnement.
Au niveau régional, nous allons mettre en place un espace de concertation entre élus, associations.
A terme, il faudrait une sorte de chambre consulaire, réunissant les collectivités , les entreprises, les associations, les citoyens, pour jouer un rôle de sentinelle de l’environnement.
Recueilli par Michel Deprost