Cela ne fait aucun doute sur les marchés boursiers: les conséquences économiques de la catastrophe nucléaire de Fukushima auront un impact important sur les politiques énergétiques au niveau mondial. Certains pays déjà nucléarisés ( Allemagne, Suisse) ou en passe de l’être ont d’ores et déjà fait des déclarations quant au gel des investissements dans cette technologie ou des réflexions en ce sens.
Les opérateurs boursiers ont compris assez tôt la gravité de la situation, tant en termes de politique publique qu’en termes d’image de l’industrie nucléaire au niveau mondial. Ils ont de ce fait arbitré, dès hier matin, en vendant massivement les titres des principaux acteurs de l’industrie nucléaire.
L’ « équipe de France du nucléaire » attaquée
Première cible des opérateurs boursiers, AREVA, qui avait perdu près de 3 % vendredi, perdait 9,61 % lundi et plus de 6 % mardi à midi. Idem pour EDF, qui dispose d’un parc de centrales de 58 réacteurs en France. Son titre reculait de 5,28 % lundi 14 et de plus de 3 % mardi à midi. Les deux groupes, qui pensaient profiter du renouveau du nucléaire, vont désormais devoir faire face à l’hostilité des opinions publiques, qui considéraient jusqu’ici le nucléaire comme un moindre mal. Ils devront aussi faire face à la disparition de quelques un des plus prometteurs relais de croissance à l’international.
Hier plein de promesses, les perspectives du marché américain se sont brusquement assombries. Le pays, dont le parc électrique repose plus sur les énergies fossiles que sur le nucléaire, avait, depuis l’accident de Three Miles Island, pris le parti de se détourner de l’atome. Mais la montée des prix du pétrole avait changé la donne. Barack Obama avait plaidé dans sa campagne présidentielle pour un retour du nucléaire : il pourrait bien faire volte-face, et se montrer plus enclin à favoriser un peu plus les énergies renouvelables, domaine où la Californie est très en pointe. Les Etats-Unis misent aussi depuis plusieurs années sur les gaz de schistes.
De la même façon, Areva et EDF pourraient faire face à une montée des réticences en Afrique du Sud, en Inde, en Italie et même au Royaume-Uni, des pays qui avaient tous affirmé vouloir reprendre leurs programmes nucléaires face à l’explosion de la demande en électricité. Seul pays qui permet aux deux groupes tricolores de maintenir le cap : la Chine. Le pays a déclaré hier ne pas vouloir remettre en cause le programme d’investissements décidé dans ce secteur, qui a pour but d’accroitre les capacités du pays face à une demande en croissance exponentielle.
D’un point de vue plus général, on notera d’ailleurs c’est toute « l’équipe de France » du nucléaire qui est attaquée : outre EDF et Areva, GDF Suez et Total vont également devoir repenser leur stratégie en la matière. Pour ces deux groupes, moins impliqués dans cette énergie, la remise en cause sera moins profonde que pour EDF ou Areva.
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