En 2008, le nombre de nouveaux cas de cancers dans l’Union européenne était estimé à environ 2,4 millions dont 1,3 million (54 %) d’hommes et 1,1 million (46 %) de femmes. En 2011, en France, le nombre de nouveaux cas a été estimé à 365 000. Les cancers de la prostate chez l’homme (71 000 cas incidents) et du sein chez la femme (53 000 cas) sont les plus fréquents. Viennent ensuite chez l’homme, les cancers du poumon (27 500 cas) du côlon-rectum (21 500 cas) et chez la femme, les cancers du côlon-rectum (19 000 cas) et du poumon (12 000 cas).
Diminution de la mortalité
La mortalité par cancer diminue grâce à l’amélioration des dépistages précoces et aux thérapies. Mais l’incidence annuelle augmente notamment en raison de l’allongement de la durée de la vie.
L’allongement de la longévité et la détection plus fine n’expliquent cependant pas tout. L’incidence augmente partout dans le monde et le nombre de nouveaux cas augmente de manière très significative, notamment dans les pays en voie de développement.
Entre 5 et 10% de causes endogènes
Pour seulement 5 à 10 %, une altération génétique est identifiée. Entre 90 à 95 % des cancers sont en revanche liés à des causes exogènes, c’est-à-dire, à l’environnement au sens large : modes de vie (tabac, alcool, sédentarité, habitudes de consommations alimentaire, exposition solaire…) et expositions à des facteurs environnementaux naturels (radon…), aux agents chimiques, physiques et infectieux de l’environnement général et professionnel. Des conditions socio-économiques et géographiques peuvent être un facteur de risque.
Le rôle de certains facteurs environnementaux comme l’amiante, l’arsenic, les émissions de four à coke, la fumée de tabac ou encore les virus HPV est clairement établi.
Les effets cancérogènes de nombreux agents chimiques et physiques sont suspectés ou possibles sans être établis. La mise en évidence des risques éventuels soulève des difficultés: expositions à de faibles doses difficiles à quantifier, périodes de latence très longues entre l’exposition et l’apparition de la maladie, etc… De plus, estimer les expositions combinées à plusieurs produits chimiques et les risques associés constitue un défi scientifique.
Plusieurs études présentées lors du colloque ont illustré la difficulté d’évaluer quantitativement les expositions. La compréhension des liens entre la pluralité d’agents présents dans l’environnement et des cancers reste donc difficile. Les grandes études menées sur de larges effectifs de population depuis quelques décennies fournissent des réponses sur certains facteurs environnementaux (expositions à des radiations ionisantes durant l’enfance, travail de nuit, radon, etc.). La progression de l’incidence des cancers les plus fréquents (sein, prostate, colorectal…) reste en partie inexpliquée.
Le colloque a mis en avant le besoin d’harmoniser les méthodes d’évaluation des expositions afin de pouvoir comparer les résultats des études épidémiologiques. Il a montré la nécessité de développer des recherches sur les bios marqueurs et les mécanismes d’action pour améliorer l’évaluation des expositions. Le colloque a montré aussi les progrès de la génomique et de la protéomique qui permettraient de disposer de bio marqueurs d’exposition à des substances ou d’effets précoces. L’importance de la prise en compte des vulnérabilités et des périodes critiques d’expositions (période prénatale…) a également été soulignée.
1 Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
2 INCa : Institut national du cancer
3 Aviesan : Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé