Se compter pour mieux compter . C’était l’objectif des secondes journées d’été des centres de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI) de Rhône-Alpes, qui se sont déroulées il y a quelques jours dans la Loire. La culture scientifique technique et industrielle (la CSTI) est à la croisée des chemins, et tous les CCSTI font le même constat: l’argent devient rare, la donne du financement change et les temps risquent de devenir difficiles pour ces lieux de pédagogie situés à mi-chemin entre sciences et culture. Pourtant la culture scientifique est particulièrement dynamique en Rhône-Alpes: elle
s’y est développée sur un territoire historiquement fertile dans les domaines de la recherche et riche en industries puissantes. Ce n’est donc pas un hasard si la densité de CCSTI y est aussi la plus forte de France : 8 centres, sur la quarantaine existant dans l’Hexagone, mais avec des statuts et des moyens divers (1) , et assez bien soutenus jusqu’ici par les pouvoirs publics, notamment par la Région.
Forum national en septembre
Mais le champs de la culture scientifique est aujourd’hui en pleine évolution: au plan national est apparu “Universciences”, structure née de la fusion de la Cité des sciences de La Vilette et du Palais de la découverte. Cette nouvelle entité devrait être l’interlocuteur national des CCSTI. Sera-t-elle aussi pour eux une agence de moyens ? Rien n’est moins sûr. Fin septembre 2010 aura lieu un forum territorial de la culture scientifique initié justement par Universciences. Ce sera l’occasion de clarifier les positions des uns et des autres, et de redéfinir l’articulation de la culture scientifique entre cet opérateur national et les opérateurs régionaux. Et l’un des objectifs de l’école d’été des CCSTI Rhône-Alpes , dont le thème était “quelles valeurs communes à l’échelle du territoire?” était justement de produire un texte de synthèse qui sera la voix de Rhône-Alpes lors de ce forum national. D’où la forte affluence à ces deux journées, tenues pour la première au château de Bouthéon, à Andrézieux-Bouthéon, et pour la seconde à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne. Elles ont réuni près de 90 participants dont une soixantaine de collaborateurs des CCSTI de la région. En présence notamment de Jean-Michel Besnier, représentant le ministère de la recherche, de Jean-Christophe Théobalt, du ministère de la culture et de Marc Girard d’Universciences.
Mieux travailler en réseau
Arnaud Zohou, directeur de la Rotonde et hôte de ces journées explique cette démarche: ” Hormis le travail de réflexion que nous avons fait sur nos valeurs, en particulier grâce à Florence Belaen, de l’Observatoire du Patrimoine et de la Culture Scientifiques et Techniques de l’université de Bourgogne, qui a été notre grand témoin pendant ces deux jours, cette école d’été nous a aussi permis de conduire plusieurs chantiers sur l’évolution de nos pratiques, les compétences et la formation de nos équipes, la mutualisation de nos ressources, afin d’arriver à de véritables formes de travail ensemble. Nous le faisons déjà dans le domaine de la formation, ou en participant à des actions de réseau comme le Camion des sciences, la Fête de la science, ou Expo sciences…Mais nous essayons de renforcer tout ça, de mutualiser le plus possible nos actions… Nous nous battons aujourd’hui pour avoir des moyens pour nos centres, pour maintenir la dynamique de nos équipes, et pour ne pas fonctionner seulement par appels à projet. Mais pour cela nous avons aussi besoin de temps pour travailler dans la durée…”
Et afin d’augmenter leur visibilité tout en accélérant les échanges entre eux, les CCSTI rhônalpins ont annoncé, à l’issue de leur école d’été, l’ouverture prochaine d’un portail web spécifique au réseau des centres de Rhône-Alpes et destiné au grand public.
H.C. / henricolomb@yahoo.fr
(1) “la Casemate” à Grenoble , plus ancien, CCSTI de France, créé en 1979, est associatif, “La Rotonde” à Saint-Etienne est une délégation de l’Ecole des Mines, “La Turbine ” à Annecy est un service de la communauté de communes, “La Pagode” à Lyon est un service de l’Université, la “Galerie Euréka” de Chambéry un service municipal… Les 8 centres rhônalpins emploient au total 76 personnes.
“La Rotonde”, le centre de culture scientifique , technique et industrielle stéphanois, qui accueillait l’école d’été des CCSTI, emploie pour sa part 9 personnes et gère un budget annuel de 400 000 euros. Elle est installée dans l’ancien centre de calcul de l’école des Mines, un bâtiment circulaire au style moderniste typique des années soixante-dix, d’où son nom. 25 à 30000 personnes suivent annuellement ses activités, dont un tiers environ dans ses locaux ( expositions, animations, stages divers, spectacles…). La Rotonde intervient beaucoup dans le milieu scolaire, soit directement auprès des élèves, soit pour la formation des enseignants à l’animation scientifique. Depuis quatre ans elle est même ville-pilote du “projet Fibonacci”, projet européen sur l’enseignement des sciences aux plus petits , dans lequel sont aussi engagées les villes de Naples et de Bruxelles. 52 classes et 4500 élèves de la région ont été à ce jour concernés par ce projet.