Cobalt : des impacts sociaux et environnementaux critiques

Dans des études sur la criticité de plusieurs ressources géologiques, des chercheurs de l’IFP Énergies Nouvelles soulignent la sensibilité de l’exploitation du cobalt.

Les États et les entreprises envisagent plusieurs pistes pour atténuer leur dépendance au cobalt : diversification des sources d’approvisionnement ; innovation technologique avec notamment la conception de batteries utilisant moins, voire pas de cobalt, et nfin la collecte et le recyclage des déchets électroniques et des batteries. ©W. Oelen, CC BY-SA 3.0,

Le cobalt est un métal classé parmi les ressources stratégiques, le plus souvent co-produit des mines de cuivre et de nickel, rappellent les chercheurs de l’Ifpen.

En 2015, 98 % du cobalt extrait du sol provenait ainsi de mines de cuivre ou de nickel. Seule la mine de Bou-Azzer au Maroc a fait du cobalt son principal produit. Cette caractéristique du cobalt renforce le risque pesant sur l’approvisionnement, car la quantité de sous-produit dépend étroitement de celle des métaux principaux. De ce fait, la capacité d’adaptation du marché du cobalt face à une forte hausse de la demande se trouve limitée.

La demande en cobalt est d’autre part peu sensible aux variations de prix. En cas de forte hausse des prix, le marché répond de trois façons : en augmentant les volumes recyclés, en misant sur les innovations technologiques pour exploiter une plus large gamme de ressources et en mobilisant davantage la production informelle de cobalt issue de République Démocratique du Congo (RDC).

Le cobalt, « diamant de sang » selon des ONG

La production minière de cobalt est contrôlée à plus de 70 % par la RDC (USGS, 2020) contre 28 % en 2000 (Shedd et al, 2017). Or, ce pays connaît une très forte instabilité politique. Il subit une situation sécuritaire préoccupante avec de nombreuses zones de conflit dans l’est du pays. Ces conflits sont en particulier liés aux convoitises suscitées par les ressources minières.

Accusations d’organisations non gouvernementales

Les conditions de travail dangereuses, l’exposition à des poussières potentiellement cancérigènes, le travail des enfants, ainsi qu’une prolifération de mines clandestines liée à la haute valeur marchande du cobalt, ont valu au minerai le surnom de « diamant de sang ». Face aux accusations d’ONG, les utilisateurs finaux de cobalt (fabricants de batteries, entreprises du secteur de l’électronique) tentent de mieux tracer leur chaîne d’approvisionnement et de diversifier leurs sources. Toutefois, plus de la moitié des réserves mondiales se trouvant en RDC, il est peu probable que la production minière fasse l’objet d’une redistribution géographique majeure.

Dépendance du raffinage

Ensuite, une situation de dépendance existe aussi du côté de la transformation du minerai. Cette situation tend à se renforcer : les raffineries chinoises représentent 50 % du volume mondial contre 3 % seulement en 2000. La puissance chinoise a mis en place une stratégie d’investissements à l’étranger pour sécuriser ses approvisionnements en métaux stratégiques.

Ainsi, en 2016, la part de la production étrangère de cobalt détenue par des entités chinoises a été ajoutée à la production domestique. L’influence chinoise est passée de 2 % à 14 % pour l’extraction de cobalt et de 11 % à 33 % pour la production de produits intermédiaires du cobalt (Gulley, 2019).

Risques environnementaux et sanitaires

Les activités extractives et de raffinage du cobalt ont un impact environnemental. Les extractions sont gourmandes en énergie issue de ressources fossiles. Ces activités ont par ailleurs un impact sanitaire important pour les mineurs et les populations des zones minières. La production de cobalt est en effet émettrice de pollutions diverses.

Les États et les entreprises suivent ou envisagent plusieurs pistes pour atténuer la dépendance : d’abord, la diversification des sources d’approvisionnement ; ensuite l’innovation technologique via la conception de batteries moins gourmandes en cobalt (ou l’utilisation d’autres types de batteries). Enfin la collecte et le recyclage des déchets électroniques et des batteries sont des solutions. Si aujourd’hui les sources secondaires de cobalt sont sous-exploitées, elles pourraient constituer une ressource importante à l’avenir.

Lire également sur Enviscope :

Cobalt : production concentrée en République Démocratique du Congo mais raffinage en Chine

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