Les quelque 1000 étangs de la Dombes ont été aménagés par des moines qui ont drainé les zones humides. Ces étangs ont apporté une biodiversité qui constitue une des originalités de la Dombes. Nombreux sont ceux qui affirment que cette biodiversité est menacée.
Les acteurs de la pisciculture, défendent leur filière en expliquant que les étangs reculent et surtout que le nombre d’étangs empoisonnés diminue. Un constat que ne fait pas l’unanimité. Selon un ancien président de Coopé Poisson, coopérative qui réunit plusieurs dizaines de producteurs propriétaires ou non, entre 25% et 30% des étangs ne seraient plus empoisonnés. La rentabilité n’est plus au rendez-vous. Le prix du kilo a carpe a baissé. La carpe n’est pas un poisson prisé sur les tables françaises et même régionales. Elle a beaucoup d’arêtes et certains lui trouvent parfois un goût de vase. D’autres poissons plus nobles, comme le brochet, le sandre, ne représentent qu’une partie minoritaire de la production dombiste.
Concurrence
La rentabilité de la pisciculture a décru. L’activité est concurrencée pour la carpe par la pisciculture de pays d’Europe de l’Est qui alimente le marché allemand à moindre coût. Côté recettes la pisciculture souffre aussi . Le seuil de rentabilité ne serait pas toujours atteint. « Il faut produire environ 200 kilos de poissons à l’hectare pour couvrir les frais, mais beaucoup d’étangs ne produisent que 180 190 kilos à l’hectare » explique Hervé Lebeurre, pisciculteur depuis quarante ans dans la Dombes, qui a présidé Coopé Poisson. Les recettes ne couvrent ni l’empoissonnement, ni l’entretien des fossés, ni les travaux divers sur les étangs, ni les impôts.
500 grammes par jour
Depuis quinze ans, les pisciculteurs estiment avoir trouvé d’autres responsables : les oiseaux piscivores, aigrette, héron, et surtout Grand Cormoran. Un Grand cormoran peut prélever 500 grammes de poissons par jour. A raison de 5000 cormorans, cela représenterait un prélèvement quotidien de 2,5 tonnes, de 250 tonnes pendant la présence hivernale de l’espèce. Un quart de la production annuelle. Parfois, le Cormoran pille carrément. « Les cormorans aiment les grands étangs, un pisciculteur n’a rien retiré d’un étang de 25 hectares, à côté il a retiré 500 kilos de poissons » explique Hervé Labeurre.
En effet, le Grand Cormoran arrive à l’automne dans la Dombes et dans les secteurs limitrophes à la fin de l’automne, quand les poissons sont gros, prêts à être récoltés, au moment où le pisciculteur abaisse le niveau des eaux pour regrouper le poisson avant la pêche. Quelques cormorans découvrent l’aubaine, et en quelques jours, plusieurs centaines d’oiseaux peuvent s’abattre effectivement sur le plan d’eau et le vider.
Les solutions ? Plusieurs ont été essayées. Des pisciculteurs demandent que les prélèvements d’œufs dans les nids dans les pays du Nord reprennent. « Le Cormoran est un problème européen » estiment en substance les pisciculteurs. Mais le Grand cormoran est protégé.Et les pays du Nord ne subissent aucune gêne “ se plaignent certains pisciculteurs.
Plus de 3600 cormorans tirés
Les tirs ont été aussi autorisés depuis plusieurs années, quand on a constaté que la population de Grand Cormoran avait de nouveau fortement augmenté. Mais les tirs même s’ils sont très importants ne sont pas efficaces.
D’autres actions sont sans doute nécessaires. Mieux effaroucher, exercer une surveillance plus régulière, protéger les étangs coûte cher. La pisciculture aurait besoin de mettre en avant des eaux de meilleure qualité, dans un milieu où les effluents diffus de l’agriculture ne sont pas contrôlés. Après avoir été améliorée, tracée,la production pourrait être promue, c’est le travail des professionnels, d’une association comme Dombes Qualité.
http://www.fnh.org/naturoscope/Faune/oiseaux/cormoran/cormoran.htm
