Les températures sur les Alpes continueront à augmenter comme le prévoient les modèles utilisés dans la cadre du projet SCAMPEI (Scénarios Climatiques Adaptés aux Zones de Montagnes : Phénomènes Extrêmes et Incertitudes).
Les modèles prennent en compte trois scénarios : un scénario dans lequel aucune action particulière n’est menée pour lutter contre le changement climatique. Un autre scénario, optimiste, prend en compte des actions rigoureuses. Un scénario moyen suppose des actions moyennes. Les simulations prennent aussi en compte plusieurs éléments, les précipitations, la neige.
Les résultats sont disponibles pour toute une gamme d’altitude, par pas de 300m qui peut aller jusqu’à 4800 et 5100 pour le massif du Mont Blanc par exemple. En revanche les cartes visualisées sont établies pour les trois altitudes: 1200 mètres, 1800 mètres et 2400 mètres. Ils s’appuient sur la période de trente ans centrés autour de 1970, et donnent un résultat pour les périodes de trente ans centrées autour de 2030 et de 2080.
Impact sur toutes les Alpes
Une étude des scénarios montre que les effets du réchauffement seront rapidement sensibles sur les Alpes du Sud, mais au fil des décennies, l’impact s’étendra sur toutes les Alpes françaises. « La réduction s’opérera sur les hauteurs de neige moyennes mais aussi sur la durée d’enneigement » explique Sophie Martinoni-Lapierre, responsable des études de climatologie au Centre régional Centre Est de Météo France, à Bron.
Les scénarios sont clairs pour 2030. A l’altitude de 1800 mètres, la diminution de la hauteur de neige en hiver serait de l’ordre de 30% pour les Alpes du Nord. A 2400 mètres la baisse serait de 20% environ. Mais dans les Alpes du Sud, la baisse serait de 50%.
En 2080, pour les Alpes du Nord, la baisse serait de 50% à 1800 mètres, et de 30 à 40% à 2400 mètres d’altitude. Dans les Alpes du Sud la baisse de l’épaisseur du manteau neigeux pourrait atteindre 80 à 90% dans certains secteurs.
Des scénarios moyens
Tout cela évoque des scénarios moyens, qui cachent des grandes variétés de situations, en fonction d’effets locaux sur les précipitations neigeuses, mais aussi sur la fonte de la neige.
Les moyennes n’excluent pas de fortes variations annuelles. Il y aura des années avec beaucoup de neige, mais surtout beaucoup d’hivers avec moins de neige et de plus en plus de difficulté à produire de la neige artificielle à basse altitude.
Les stratégies économiques devront tenir compte de cet environnement. Une certitude, le tout ski est condamné à disparaître dans les Alpes.
Les informations livrées par le projet SCAMPEI permettent d’imaginer des scénarios économiques et touristiques. Le tourisme hivernal lié au ski devrait décroitre dans les secteurs les plus touchés, au bénéfice des secteurs momentanément les moins affectés. Certains secteurs des Alpes du Nord pourraient récupérer les clientèles des stations dépourvues de neige.
Mais les stations du Nord seront fragilisées à terme par les incertitudes quant à la quantité et à la qualité du manteau neigeux.
Il restera à la montagne un atout, le tourisme des quatre saisons, un tourisme de rafraichissement. Les citadins étouffant dans les villes fuiront la canicule en prenant de l’altitude.
Les résultats peuvent être consultés sur le site http://www.cnrm.meteo.fr/scampei/index.php
Il est ainsi possible de visualiser les différentes simulations, dans le temps, en fonction des altitudes et des informations recherchées, par exemple, neige, sur la page