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Les agriculteurs débattent des usages quantitatifs de l’eau

La Chambre d’agriculture de l’Isère, qui a pris depuis décembre 2013 la compétence d’Organisme unique de gestion collective (OUGC) pour la totalité du département, organisait ce jeudi 19 juin une table ronde sur les différents usages de l’eau en Isère.

Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d'agriculture de l'Isère, lançait le débat aux cotés de Nathalie Jury, conseillère agro-environnement et de Clémentine Bligny, chef du service environnement à la DDT de l'Isère. [Photo Enviscope]
Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, lançait le débat aux cotés de Nathalie Jury, conseillère agro-environnement et de Clémentine Bligny, chef du service environnement à la DDT de l’Isère. [Photo Enviscope]

Déjà du temps des Romains, comme se plaira à le dire Claude Janin, animateur de la table ronde, le partage de l’eau était un sujet de tension. Pourtant, de l’eau en Isère il n’en manque globalement pas. Même si la situation est contrastée d’un territoire à l’autre[1], l’année 2013 très pluvieuse a rechargé l’ensemble des nappes phréatiques. Elles sont à leur plus haut niveau depuis 10 ans. « Ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Il ne faut pas baisser la garde dans les périodes plutôt fastes et aller de l’avant pour s’entendre » intervient Christian Nucci, vice-président du Conseil général de l’Isère en charge de l’agriculture. Il prône une concertation entre les différents acteurs.

L’image de l’agriculteur, qui gaspille le bien commun est largement dépassée. Comme le rappelle Nathalie Jury, conseillère agro-environnement en charge de la gestion quantitative de l’eau, l’agriculture ne pèse que 13% de la consommation de l’eau[2] sur le département. Certes cette part monte à 21% pendant les 3 mois d’été, quand la ressource est la moins abondante.

Plusieurs participants interviennent alors, mettant en relation les millions de m3 cubes charriés par le Rhône, l’Isère et les autres rivières qui traversent le territoire, avec la très petite part (0,28%) que prélèvent les agriculteurs [3].

Le problème serait-il donc le stockage de cette eau qui ne fait que passer ? C’est en partie ce que laisse entendre Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, favorable à la mise en place de retenues collinaires, qui seraient autant de réservoirs pour les périodes moins fastes.

Une organisation concertée

Malgré cette part relativement faible de l’agriculture dans la consommation d’eau, l’organisation est nécessaire, d’autant que l’irrigation est un plus pour l’économie agricole.

Patrice Garin, directeur de l’UMR G-Eau à l’Irstea, évoque le triplement du rendement du maïs irrigué par rapport au maïs pluvial [4] et l’irrigation est indispensable au maraichage, aux semences, à l’arboriculture. L’irrigation induit augmentation des rendements, mais également en chaine l’accroissement de toutes les activités agro-alimentaires, comme le rappelleront les responsables de coopératives agricoles.

Le réchauffement climatique ne fera qu’accroitre le nombre de préleveurs et le nombre d’installations. Pour la saison d’irrigation 2014 en Isère, ils sont 661 préleveurs (dont les organisations collectives, Asa[5]), soit 1 589 prélèvements pour 23 506 hectares irrigués.

Un gestionnaire unique et des outils

On comprend donc qu’il faille une gestion globale de la ressource. C’est le rôle dévolu à la Chambre d’agriculture de l’Isère, qui depuis le 10 décembre 2013 est devenu l’Organisme unique de gestion collective (OUGC) pour l’ensemble du département.

A partir d’une quantité d’eau allouée, c’est donc elle qui répartit les volumes entre les différents consommateurs agricoles. Au préalable, comme le précise Clémentine Bligny, chef du service environnement de la DDT de l’Isère, des études des volumes prélevables ont permis de déterminer sur chaque bassin aquifère la répartition des quantités entre l’industrie, l’agriculture et l’alimentation en eau potable (AEP).

Pendant la saison d’irrigation, la chambre d’agriculture édite des bulletins d’avertissement hebdomadaires, délivrant des conseils aux agriculteurs en fonction de la maturité des productions, des prévisions météo, de l’état des ressources et des directives administratives.

En fait cette gestion concertée a pour objet d’éviter la crise. Toute une batterie d’outils existe depuis la Directive cadre sur l’eau (DCE), qui fixe l’objectif de bon état et qui a rajouté les besoins des milieux naturels aux autres consommateurs, La loi Lema[6] de 2006, le Sdage[7], dont la prochaine version 2016-2021 permettra de mettre à jour des cartes d’équilibre quantitatif et de déterminer les actions à mener et les redevances.

L’objectif de cette organisation, complétée par les Commissions locales de l’eau (Cle) est de passer d’une gestion de crise chronique à un retour à l’équilibre entre offre et demande d’eau.

Dans ce cadre-là, le fait d’arriver à seulement deux années de gestion de crise en dix ans, énoncé comme objectif par Clémentine Bligny, pourrait devenir un enjeu raisonnable.

antoine.reboul@enviscope.com

 


[1] Par exemple, les rivières de la Galaure et de l’Herbasse, aux confins de la Drôme, ont des étiages marqués affectant la nappe de la molasse du Dauphiné, alors que dans la plaine de la Bièvre voisine, les nappes se maintiennent à un bon niveau.

[2] L’industrie (dont les centrales nucléaires) s’arroge la plus grosse part avec 58% de la consommation d’eau, les 29% restants vont à l’eau potable.

[3] Les prélèvements agricoles se font pour 46% dans les nappes phréatiques et pour 54% dans les cours d’eau, principalement les grosses rivières.

[4] L’iirrigation du maïs porterait le rendement à l’hectare de 400 € à 1 200 €.

[5] Asa : Association syndicale autorisée

[6] Lema : Loi sur l’eau et les milieux aquatiques

[7] Sdage : Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux. C’est le Sdage Rhône-Méditerranée qui est en oeuvre dans notre région.

 

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