L’association Amorce, en partenariat avec l’Ademe, vient de publier une étude sur la gestion actuelle des invendus alimentaires et la réalité des dons aux associations sur le territoire de Grenoble Alpes Métropole, ainsi que celui de la Communauté d’agglomération Tour(s)plus. Il apparait dans l’étude que moins de 10% de ce qui peut être récupéré sur les deux territoires l’est actuellement par les associations caritatives.
Ce sont entre 82 et 146 kg par habitant de denrées alimentaires qui sont gaspillées chaque année en France[1], alors que 7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire[2] expliquent les auteurs de l’étude.
Les associations caritatives, dont les 4 associations têtes de réseau (Banques Alimentaires, Restos du Cœur, Croix-Rouge Française et Secours Populaire Français), se voient régulièrement dans l’obligation de refuser des dons par manque de moyens logistiques (véhicules de transport, zones de stockage) et humains (fonctionnement s’appuyant essentiellement sur le bénévolat). C’est notamment le cas lorsque les quantités données sont trop faibles ou que le donneur est trop éloigné géographiquement.
Un gisement de denrées potentiellement mobilisables considérable
Entre 14 et 15 000 tonnes de produits alimentaires seraient potentiellement mobilisables sur les deux territoires étudiés, mais pour l’instant, moins de 10% du gisement est capté par les associations !
Sur le seul territoire de Grenoble Alpes Métropole, cela correspond à 24% du gisement des grandes et moyennes surfaces, 8% de celui des industries agroalimentaires et 0,1% de celui des agriculteurs.
Pour limiter l’insécurité alimentaire et réduire les impacts économiques et environnementaux du gaspillage, il y a un vrai projet de territoire en perspective, impliquant l’ensemble de ses acteurs (collectivités, producteurs, distributeurs, restaurateurs, associations).
4 fois moins cher que l’achat de denrées
Le contexte est favorable au soutien des associations d’aide alimentaire : le gouvernement a fixé l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025 et les grands distributeurs français se sont officiellement engagés à donner leurs invendus aux associations qui en feraient la demande.
L’étude souligne que répondre à cet objectif de nourrir la population en insécurité alimentaire via les associations d’aide alimentaire apparaît par ailleurs économiquement pertinent. En effet, le coût total de gestion (principalement logistique) de ces produits donnés revient, pour les associations, à 0,5 €/kg d’aliments ; la valeur des produits récupérés est en moyenne de 2 €/kg.
Ces coûts peuvent toutefois être rationalisés et sécurisés. Renforcer les moyens de ces associations (en les associant à des objectifs) y contribuerait, de même qu’une meilleure implication dans la logistique des entreprises donatrices. Ces dernières peuvent s’impliquer dans cette logistique et en défiscaliser la valeur comme elles le font pour le don de produits – mais le font très rarement. C’est pourtant une piste intéressante qui permettrait de récupérer davantage de produits.
Par ailleurs, cette baisse d’activité sur la logistique permettrait aux associations de se recentrer sur l’accompagnement et l’aide sociale des personnes, au cœur de leur mission.
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POUR EN SAVOIR PUS : Les invendus alimentaires sur deux territoires : gisement et gestion actuelle (Amorce DT73 – Décembre 2015) en partenariat avec l’Ademe
[1] D’après le récent rapport de Guillaume Garot (Lutte contre le gaspillage alimentaire : propositions pour une politique publique, Avril 2015), les chiffres du gaspillage alimentaire s’évalueraient à 11 kg/hab/an pour le commerce et la distribution, 9 kg/hab/an pour les industries agroalimentaires et entre 7 et 50 kg/hab/an pour la production agricole
[2] Aide alimentaire et accès à l’alimentation des populations démunies en France, CNA, 2012