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Disparition de Robert Poujade, premier ministre de la Protection de la Nature et de l’Environnement

Robert Poujade, premier ministre de la Protection de la Nature et de l’environnement en France, est décédé le 8 avril à l’âge de 91 ans. Il avait été de 1971 à 1974, contre vents et marées à la tête du « ministère de l’Impossible » pour lancer la lutte contre les pollutions, contre les nuisances, dans une société mue par une croissance effrénée.

Robert Poujade
Robert Poujade, premier ministre de la Protection de la Nature et de l’environnement en France (1971 – 1974).

Robert Poujade, décédé le 8 avril à 91 ans est une figure fondatrice sur le plan politique de l’action de l’État en France, pour la protection de la nature et de l’environnement. Cet agrégé de lettres classiques a été très tôt conscient des enjeux liés à la protection de la nature et de l’environnement. Sans être lui-même scientifique, biologiste, il est membre dès les années 1960 de la Ligue urbaine et rurale et de la Ligue contre le bruit. Il préside le Haut comité de l’environnement créé en 1970 sous la responsabilité de la Datar (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale, supprimée en 2014).

Après 1968

Ce gaulliste de gauche est choisi pour entrer dans le gouvernement formé par Jacques Chaban-Delmas qui portait, sous la présidence de George Pompidou, le projet de « Nouvelle société ». Au début des années soixante-dix, se rappelle Brice Lalonde, président de l’association Équilibre des Énergies, qui fut ministre de l’Environnement de 1989 à 1992, les préoccupations environnementales commençaient à peine à émerger. Sortant de mai 1968, la société française était en quête de remise de cause dans tous les domaines. De plus en plus de personnes prenaient conscience des effets pervers de la consommation et de la croissance des Trente glorieuses, génératrice de pollution des eaux, de l’air, d’étalement urbain, de développement de l’usage de la voiture individuelle. Il ne fallait pas toucher à la « bagnole ».

Limites à la croissance

Soixante-huit n’a pas empêché la reprise de la croissance effrénée, du pouvoir d’achat conçu comme objectif essentiel de la société. C’est ce que relevait le journaliste François de Closets dans son ouvrage Toujours plus. Pourtant, rappelle, Brice Lalonde, c’est l’époque où le Club de Rome et la Rapport Meadows (Halte à la Croissance) mettaient en garde contre l’illusion d’une croissance sans fin.

En France, la prise de conscience était timide. L’ingénieur agronome René Dumont tirait le signal d’alarme. L’État tente de concilier croissance et limitation des dégâts. « Il y avait encore à l’époque, un Plan et une volonté d’aménager le territoire » rappelle Brice Lalonde. La France était encore largement rurale, les villes petites et moyennes étaient prospères. L’attachement au paysage était fort chez des hommes politiques comme Georges Pompidou, nés à la campagne, attachés aux racines.

Un pionnier

Robert Poujade a fait partie des pionniers. « Il a constitué son ministère en recrutant des fonctionnaires du ministère de l’industrie et du ministère de l’Agriculture. Il a voulu recruter des fonctionnaires, compétents et motivés. Les ministères lui en ont voulu. », rappelle Brice Lalonde. « Il avait par sa culture le sens du temps long, le recul. Il savait que les problèmes étaient complexes, qu’il fallait des études. »

Nommé en janvier 1971 ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la Nature et de l’Environnement, Robert Poujade occupe le poste dans les gouvernements Chaban-Delmas (janvier 1971-juillet 1972), Messmer I (juillet 1972-mars 1973) , Messmer II, avril 1973-février 1974). Avec un budget de près de 200 millions de francs et 300 fonctionnaires, son ministère s’étoffe à la suite du premier choc pétrolier à la fin de 1973.

Les premières missions concernent la lutte contre la pollution sonore, le développement d’un réseau de contrôle de la qualité de l’air, l’extension des compétences des agences de l’eau, des contrats entre l’État et les branches industrielles polluantes pour mettre en place des normes de lutte contre les nuisances notamment avec les secteurs papetier, cimentier, l’industrie de surfaçage, le BTP. Robert Poujade et l’État imposent la création du Parc National de la Vanoise contre les partisans d’une industrialisation de la montagne pour le ski.

Le ministère de l’Impossible

Après son départ du gouvernement, il qualifie dans un livre son ministère de « ministère de l’Impossible ». Robert Poujade préside ensuite le Conservatoire du littoral (1976), la Commission nationale des secteurs sauvegardés (1978), l’Association des Villes et Pays d’art et d’histoire, il devient aussi vice-président de la section française du Conseil international des monuments et des sites (Icomos) (1978). Député, il est aussi élu Maire de Dijon, ville qu’il contribue à transformer dans le sens d’une meilleure qualité du cadre de vie.

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