Le moustique tigre qui progresse en Auvergne Rhône-Alpes ne met pas à profit les ouvrages de gestion alternative des eaux de pluie. C’est ce que montre une étude menée sur la Métropole de Lyon.
Une étude a été menée par l’OTHU , le GRAIE et le Grand Lyon sur les ouvrages de la Métropole de Lyon afin d’évaluer le lien entre les techniques alternatives de gestion des eaux pluviales et le développement des moustiques tigres Aedes albopictus . Les résultats sont rassurants : les techniques alternatives ne retiennent pas assez longtemps l’eau pour le développement larvaire d’Aedes albopictus qui nécessite la présence d’au moins un centimètre d’eau libre pendant a minima cinq jours.
La gestion des eaux pluviales à l’échelle d’une ville, peut se réaliser par la mise en place d’ouvrages alternatifs aux réseaux d’assainissement traditionnels : fossés, noues, bassin de rétention. Ces techniques dites «alternatives» sont généralement végétalisées et hébergent une biodiversité spontanée ce qui est un objectif afin de permettre de faire rentrer la nature, végétale et animale, dans des environnements où elle a disparu.
Or, depuis quelques années, un hôte indésirable fait son apparition dans la région sous l’effet notamment du réchauffement climatique. Le moustique tigre, est présent depuis plusieurs années dans les départements de Rhône-Alpes.
Le lien entre les ouvrages alternatifs et le développement des moustiques tigres est une vraie question. Sa présence et son développement potentiel interpellent notamment les riverains des techniques alternatives de gestions des eaux pluviales. Ces riverains interrogent les gestionnaires de ces ouvrages. Les noues et toitures végétalisées sont souvent remises en cause. Elles retiennent l’eau et la présence d’eau stagnante est favorable au cycle de développement complet des moustiques.
Aucune étude scientifique de terrain sur plusieurs sites n’existait pour prouver ces affirmations théoriques.
L’OTHU (Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine), la Direction de l’eau de Métropole de Lyon et le Graie ont lancé une première étude exploratoire en collaboration avec l’ARS Auvergne Rhône-Alpes (Agence Régionale Santé), l’EID Rhône-Alpes (Entente Interdépartementale de démoustication), CNEV-IRD Montpellier(Centre National d’Expertise sur les Vecteurs et l’Institut de Recherche pour le Développement)
. L’étude a été menée début 2016 par le laboratoire LEHNA de l’Université Lyon 1 pour confronter ces hypothèses à des données de terrains et formaliser des préconisations simples de conception et de gestion des ouvrages. Quinze bassins de rétention et/ou d’infiltration et deux toitures végétalisées ont été échantillonnés une fois par mois de mai à novembre 2016 afin de vérifier la présence de moustiques.
Au sein des bassins, toutes les parties en eau ont été échantillonnées. Les noues n’ont pas pu être explorées étant donnée l’absence d’eau de surface dans ces ouvrages au moment de l’enquête.
Parmi les 37 espèces de moustiques présentes en Rhône-Alpes, seulement 4 espèces «communes» ont été trouvées dans les bassins : le moustique commun(Culex pipiens), Anopheles maculipennis et deux espèces qui ne piquent pas les mammifères: (Culex hortensis hortensis et Culisetalongiareolata).Le moustique tigre (Aedes albopictus) n’a pas été retrouvé sur ces ouvrages alternatifs. Ils ne sont donc pas favorables au développement de l’espèce.
