Le Bilan prévisionnel 2014 pour l’approvisionnement électrique de la France dans les prochaines années annonce une dégradation de la sécurité durant les hivers allant de 2015 à 2018.
Les quatre scénarios établis par Réseau de Transport d’Electricité pour son bilan prévisionnel obligatoire, doivent contribuer au débat sur les ” évolutions plausibles” du système électrique français, notamment en fonction des choix politiques. Les quatre scénarios intègrent des hypothèses contrastées sur la démographie, le transport électrique, la part du nucléaire.
Ce n’est pas nouveau, les électriciens l’avaient envisagé depuis plusieurs années, au vu des fermetures prévues de centrales en France et en Europe, notamment en raison de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. L’analyse des moyens de production disponibles et de la consommation nationale montre un risque de déficit de capacité de production pouvant atteindre 2000 MW en 2016-2017, l’explication réside dans l’accélération de la mise sous cocon de trois cycles combinés au gaz et la fermeture progressive de centrales à charbon jusqu’en 2015, puis des centrales au fioul en 2016. Ces fermetures gomment les marges de sécurité.
Le risque de déficit de production en cas de vague de froid pouvant arriver tous les dix ans atteindrait 900MW pendant l’hiver 2015-2016, 2000 MW en 2016-2017, et 800 MW en 2017-2018. Des adaptations rapides (mise aux normes de groupes fioul, remise en route de cycles combinés au gaz, nouvelles capacités d’effacement) permettrait de rétablir l’équilibre.
Effacement en hausse
A partir de l’hiver 2016-2017, le mécanisme de capacité mis en œuvre par RTE dès 2014 pour stimuler les investissements dans les moyens de production et d’effacement permettra aussi de limiter puis de résorber le déséquilibre envisagé. Ce mécanisme rendrait possible le passage de la pointe de consommation décennale qui atteindre près de 103 000 MW à l’hiver 2018-2019 (+1.5% par rapport à 2014-2015).
Le parc des renouvelables aidera progressivement à rétablir des marges de sécurité. De nouveaux tarifs et un cadre juridique plus favorables permettront sans doute à l’éolien une croissance 800 MW par an. Le photovoltaïque devrait voir sa croissance se stabiliser à 700 MW/an supplémentaires.
Le risque de déficit de production souligne le rôle essentiel des interconnexions. La mise en service d’une nouvelle ligne France-Espagne en 2015, puis les projets d’interconnexion que RTE développe sur la plupart des frontières (Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Belgique) permettront de la renforcer. A long terme, les scénarios établissent un ralentissement marqué de la croissance de la consommation, notamment liée au contexte économique et aux mesures d’efficacité énergétique.
Au delà, à cinq et à quinze ans, le marché de capacité mis en œuvre par RTE, la poursuite du développement des énergies renouvelables, la mise en service du réacteur nucléaire EPR, et le ralentissement de la croissance de la consommation électrique permettront de pallier ce déséquilibre possible.