Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse ont participé au projet Aphekom (1) sur l’impact sanitaire et économique de la pollution atmosphérique urbaine dans 25 villes européennes. Elles sont intégrées dans le Programme de surveillance air et santé (Psas) de l’InVS.
Après les conclusions du projet publiées en 2011, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a publié ce lundi un rapport sur les villes françaises. Le rapport montre que les niveaux de pollution actuellement observés dans ces villes ont un impact important sur la santé des habitants. Les efforts dans la mise en œuvre de politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air doivent être poursuivis.
Particules et ozone
La qualité de l’air a été estimée à partir de la mesure des niveaux moyens de particules en suspension (PM2,5 et PM10) et d’ozone pendant la période 2004-2006, d’autres polluants ont été laissés de côté.
Toutes les villes françaises présentent des valeurs de particules et d’ozone supérieures aux valeurs guides recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2004-2006, le niveau moyen de particules fines (PM2,5) variait de 14 à 20 µg/m3 selon la ville pour une valeur guide de l’OMS : 10 µg/m3. La valeur guide journalière de l’ozone (maximum sur 8 heures : 100 µg/m3) avait été dépassée de 81 à 307 fois pendant ces trois années.
Les bénéfices sanitaires et économiques potentiels associés à une amélioration de la qualité de l’air sont trsè sensibles
Augmentation de l’espérance de vie
L’espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville, ce qui équivaut à différer près de 3 000 décès par an, si les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 respectaient la valeur guide de l’OMS (10 µg/m3). Le bénéfice économique associé serait de près de 5 milliards € par an.
Hospitalisations cardiaques moins fréquentes
Près de 360 hospitalisations cardiaques et plus de 630 hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes seraient évitées si les concentrations moyennes annuelles de PM10 respectaient la valeur guide de l’OMS (20 µg/m3). L’économie réalisée serait de 4 millions € par an , sans faire mention des répercussions non financières.
Une soixantaine de décès et une soixantaine d’hospitalisations respiratoires par an dans les neuf villes pourraient être évités si la valeur guide de l’OMS pour le maximum journalier d’ozone (100 µg/m3) était respectée. Le bénéfice serait de près de 6 millions € par an.
Des effets en dehors des pics de pollution
Les effets de la pollution sur la santé sont observés au jour le jour, pour des niveaux moyens de particules fines, en l’absence même de pics de pollution.
Les résultats du projet Aphekom (Improving Knowledge and communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe) rendus publics en 2011 amènent à deux constats majeurs. Diminuer encore les niveaux de particules fines dans l’air entraînerait un bénéfice non négligeable en termes d’augmentation de l’espérance de vie et de réduction des coûts pour la santé. Le fait d’ habiter à proximité du trafic routier augmente sensiblement la morbidité attribuable à la pollution atmosphérique.
Révision en vue de la Directive sur l’air
La révision de la directive européenne sur la qualité de l’air prévue est en 2013. A ce titre, le projet Aphekom contribue à la prise en compte des impacts de la pollution atmosphérique sur la santé publique dans cette révision, pour aboutir à une réglementation plus protectrice pour la santé de la population.
1) Aphekom (Improving Knowledge and communication for Decision Making on Air Pollution and Health in Europe)
