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Yves Vérilhac: la course à l’éolien est une folie

Pourquoi une opposition de plus à l’éolien?


Yves Vérilhac: Il existe des mouvements opposés à l’éolien qui ne sont pas forcément d’accord. Il y aussi des opposants qui veulent en fait promouvoir le nucléaire. J’ai lancé un moratoire qui veut réunir des personnes sanstenir compte de leur appartenance, car la course à l’éolien telle qu’on la voit depuis quelques années ne prend pas en compte les vraies dimensions d’un développement durable. Elle laisse de côté de nombreux principes, comme la protection des paysages, le principe de précaution.


La défense des paysages est difficile à expliquer?


Il est vrai que la prise en compte des paysages n’est pas toujours claire de la part des défenseurs de l’environnement. Ce qui est certain, c’est que l’éolien actuel ne respecte pas les paysages tels qu’ils ont été façonnés pendant des siècles par les femmes et les hommes d’Ardèche, mais aussi du Gard, de Haute Loire, de Lozère. Un principe s’imposepour tout maitre d’ouvrage, la notion de continuité du bâti. On explique au particulier qui veut construire qu’il ne peut pas le faire n’importe où qu’il doit se conformer à un plan d’occupation des sols, à un Plan local d’Urbanisme pour éviter le mitage. Or les promoteurs de fermes éoliennes développent des projets sans tenir compte de la continuité.


Le deuxième problème est le saucissonnage. Quand on obtient une autorisation pour construire, on doit présenter un projet complet. On ne demande pas un permis de construire pour une maison et finir par en construire cinquante. Or, on voit dans l’éolien des projets s’engouffrer dans les brèches ouvertes par une poignée d’installations. Où dix machines étaient prévues, on voit arriver de nouveaux projets pour plusieurs dizaines de nouvelles machines.


Il y a pourtant une demande locale forte?


C’est là qu’on voit les risques liés aux difficultés des communes rurales. On a en France 36 000 communes, avec des maires qui ne sont pas toujours capables de résister aux propositions alléchantes de promoteurs qui se sont mis à sillonner les campagnes. Des projets éoliens ont menacé des intercommunalités, certaines communes voulant lancer un projet en laissant à l’écart une commune plus importante. Des intercommunalités installent des éoliennes en limite de territoire, d’autres prennent soin que les éoliennes ne se voient pas depuis leur territoire, mais seulement depuis le territoire d’autres communes. Et je ne parle par d’élus qui peuvent être eux-mêmes intéressés par le loyer tiré de la mise à disposition d’une parcelle personnelle.Tout ça n’est pas toujours clair…D’ailleurs les Zone de développement éolien, les ZDE, sont peu nombreuses et assez floues, et les Régions hésitent plutôt à se lancer dans leurs propres schémas.


Mais l’éolien est quand même positif sur le plan environnemental ?


Là aussi il y a erreur. En effet, l’éolien n’applique pas vraiment le principe de précaution. Il y a des études d’impact, mais il y a aussi après l’exploitation, un impact réel sur l’avifaune et sur les chiroptères. On estime que chaque machine est susceptible de tuer une trentaine d’oiseaux par an, et souvent des espèces protégées. Il faut aller voir une étude de l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage sur ce point.


Pourtant des études sont réalisées par des associations de défense de l’environnement ?


C’est un problème car les associations sont dans ce cas juge et partie.


L’éolien est quand même positif sur le plan énergétique ?


C’est une énergie très peu disponible. Une éolienne ne produit que pendant 30% du temps. L’éolien est imprévisible, alors qu’au moins l’eau de l’hydraulique peut être stockée. L’énergie électrique de l’éolien doit donc être évacuée dès qu’elle est produite. Cela suppose des réseaux de lignes à haute tension qui eux-mêmes représentent une énorme énergie grise. Les pylônes et les lignes défigurent les paysages et posent aussi des problèmes écologiques.Le réseau rendu nécessaire par l’éolien est une contrainte pour Réseau de Transport d’Electricité.


En fait l’éolien actuel a un mauvais rendement physique global. Le meilleur rendement c’est celui de l’énergie produite et consommée sur place, sans transport. Or l’éolien fait aujourd’hui partie d’un système centralisé. Il est même tout à fait complémentaire du nucléaire et il ne faut pas croire que le choix se situen entre l’éolien et le nucléaire. L’éolien suppose le développement d’autres sources d’énergie complémentaires. EDF investi d’ailleurs aussi ans l’éolien.


L’éolien n’est de toutes les manières pas rentable ?


L’éolien est très aidé par des tarifs d’achat, là n’est pas le problème. Toutes les énergies sont aidées à un moment ou à un autre. Le problème c’est que l’aide a transformé cette énergie en produit financier pour des groupes sans préoccupation environnementale vraie, qui sont présents dans tous les secteurs et cherchent à développer toutes les productions. Le tarif d’achat leur offre une aubaine extraordinaire en garantissant un retour sur investissement rapide. Il ne doit pas servir à financer des groupes qui se comportent comme des colonisateurs avec les fonds payés par tous les consommateurs d’électricité.



L’éolien fait donc illusion?


L’illusion consiste à croire que l’éolien est beau, qu’il rappelle les anciens moulins qui justement consommaient l’énergie sur place. L’illusion consiste à croire que la technique va tout régler, que le développement durable consiste à ne pas changer d’habitude. Des voitures électriques, ce sont toujours des voitures.


L’opposition à l’éolien est parfois le fait de personnes auxquelles ont reproche de pratique le NIMBY ?


C’est vrai, nous avons parmi les signataires du moratoire, l’humoriste Yves Lecoq, qui possède une maison en Ardèche, Pierre Rabhi, qui est ardéchois depuis longtemps, le paysagiste Gilles Clément, Jean Robert Pitte, géographe, ancien président de la Sorbonne, Jean Paul Bravard, géographe de Rhône-Alpes. Mais tout le monde peut signer, les habitants qui ont aussi droit à des paysages qui ne soient pas défigurés.


Pendant des commissions, des promoteurs disent, les éoliennes blanches, se verront moins en temps de neige. D’autres disent, vous n’avez à vendre que du vent. Mais l’Ardèche a bien d’autres choses à vendre que le vent. Elle a le tourisme, et les gens d’Europe du Nord sont les premiers à signer en disant qu’ils ne veulent pas retrouver ici les paysages industriels de chez eux. Et nous avons l’agriculture. Les énergies renouvelables ne doivent pas porter atteinte à l’économie locale, et perturber les milieux comme risquent de le faire des fermes photovoltaïques. Si on peut chasser près des pylônes, les fermes solaires consomment des dizaines d’hectares.


recueilli par Michel Deprost


michel.deprost@enviscope.com


Contact mail : moratoireeolien@moratoire-eolien.fr







Des éoliennes dans les Monts d'Ardèche ( photo Enviscope.comLe Gerbier de Jonc, sommet emblématique des Monts d'Ardèche ( photo Enviscope)

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