Une augmentation de seulement 5% de la taille des zones protégées dans le monde aurait une influence fortement positive sur la biodiversité globale comme le démontre une étude menée par deux chercheurs CNRS du Laboratoire d’écologie alpine de Grenoble et un chercheur de l’Université de Yale (Etats-Unis) sur la préservation des mammifères et des oiseaux.
La biodiversité est généralement évaluée par le nombre d’espèces présentes dans une zone donnée. Laura J. Pollock et Wilfried Thuiller, du Laboratoire d’écologie alpine (CNRS / Université Grenoble Alpes / Université Savoie Mont Blanc) et Walter Jetz, (Université de Yale) ont croisé ce critère avec deux autres composants, peu utilisés.
Ils ont pris en compte la diversité phylogénétique, qui reflète l’histoire évolutive accumulée par un assemblage d’espèces. Ils ont pris en compte la diversité fonctionnelle qui reflète la diversité de traits d’histoire de vie d’une communauté d’espèces : type et le mode de nourrissage, période d’activité, masse.
Ils ont identifié des zones de protection prioritaires localisées principalement à Madagascar, dans l’Asie du Sud-Est ou dans les Andes grâce à des algorithmes d’optimisation spatiale. Ils ont évalué l’impact d’une augmentation de 5 % des espaces protégés sur plusieurs espèces sentinelles.
Maximiser la protection de la diversité phylogénétique ou fonctionnelle suffirait à tripler l’ensemble des espèces et les différents composants de la biodiversité. En protégeant les espèces rares les plus concernées par les trois facettes, c’est une biodiversité beaucoup plus riche qui pourrait être sauvegardée aux échelles locale et globale. Au total, environ 1500 espèces d’oiseaux qui pourraient être préservés. Ces résultats sont publiés dans Nature.
1 Etude menée dans le cadre d’un projet soutenu par le conseil européen de la recherche (ERC TEEMBIO) et de la commission européenne (Action Marie Curie CLEF).
Référence : Large conservation gains possible for global biodiversity facets, Laura J. Pollock, Wilfried Thuiller, Walter Jetz, Nature, 1er juin 2017. DOI : 10.1038/nature22368