Pour Bernard Mogenet, président de la FDSEA de Haute Savoie, l’abattage d’une petite population de bouquetins, sur les 10 000 qui peuplent les Alpes, est nécessaire, non seulement pour les bovins , mais aussi pour les populations de bouquetins elles-mêmes.
Quels sont les risques encourus par les troupeaux?
Bernard Mogenet: Notre profession lutte depuis plus d’une quarantaine d’années contre la brucellose, par des moyens prophylactiques. Les règles pour les éleveurs sont très sévères. Un troupeau directement en contact avec la maladie doit être intégralement abattus, y compris les animaux sains. Les troupeaux ayant été en contact avec ce troupeau doivent être mis en quarantaine, pendant soixante dix jours. Cela entraine des retards de commercialisation qui ne sont pas indemnisés. Lors de l’épisode de brucellose du Grand Bornand, il y a deux ans, le manque à gagner pour les éleveurs concernés étaient d’environ 70 000 euros.
Au delà de l’impact local?
Au delà de l’impact local, le risque existe d’un développement de cette maladie sur d’autres partie du cheptel français. Si la maladie venait à s’étendre, le cheptel français perdrait son statut de cheptel indemne ce qui entrainerait une catastrophe impossible à chiffrer sur le plan de nos exportations. Cela ruinerait le travail de quarante ans.
Que représente l’élevage en Haute Savoie?
Environ 60% de la production agricole, et pour le massif du Bargy, environ 160 élevages.
Quelle solution?
Nous savons que le bouquetin est une espèce protégée, qui fait partie de notre environnement et ne nous pose pas de problèmes. Mais il est nécessaire de prendre des mesures réellement efficaces. L’année dernière, la brucellose avait été repérée sur les bouquetins du massif du BARGY. L’abattage n’avait concerné que les individus de plus de cinq ans. Les autres individus capturés, de moins de cinq ans, sains, avaient été remis en liberté , équipés de colliers émetteurs. Au printemps, ces animaux ont été re capturés et on s’est aperçu que même des animaux sains, ou qui n’avaient pas été déclaré positif, étaient devenus positifs. La maladie s’est développée, avec des risques sur les populations de bouquetins elles-mêmes. La maladie pourrait se propager à d’autres massifs et à d’autres populations, avec des animaux qui souffriraient eux-aussi.
En abattant une population limitée on protège le reste des bouquetins. Il faudrait ensuite, après une période permettant de s’assurer que la maladie n’existe plus dans le milieu procéder à une réintroduction d’animaux dans un environnement sain.
Recueilli par michel.deprost@enviscope.com