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Fessenheim: arrêt improbable en 2016

L’arrêt définitif de la Centrale nucléaire de Fessenheim en 2016 parait improbable. Rien n’est préparé et annoncé sur les plans sociaux, techniques et financier dans un dossier complexe. Le dossier Fessenheim est symbolique de la sortie, même partielle du nucléaire en France.

Après la manifestation et l’intrusion de plusieurs militants anti nucléaire ce mardi sur le site de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut Rhin)  Philippe Martin a annoncé ” un durcissement juridique et  un renforcement de la protection des centrales nucléaires.”

Face à la pression des opposants au nucléaire, à quelques jours des élections municipales, le ministre a rappelé que «  conformément aux engagements du président de la République, le calendrier prévu pour l’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim à la fin 2016 et l’engagement de son démantèlement en 2018/2019 sera respecté. »

Un dossier qui s’embourbe

Mais le dossier de la fermeture semble ne pas avancer vraiment et s’embourbe dans les méandres juridiques. La dimension strictement politique de l’accord Verts –PS de 2012 ressort totalement. ET François Hollande semble bien gêné au point de ne pas être en mesure de donner des indications concrètes.

Le président de la République s’est rendu il y a quelques semaines à Strasbourg (Bas Rhin). Pressé par des  militants écologistes de prendre position sur la fermeture de Fessenheim, le Président n’a pas répondu.

Changement de communication donc. Le Président n’a pas parlé de la fermeture de Fessenheim depuis le mois d’octobre 2012. Toue, explique un responsable CGT de la centrale nucléaire alsacienne. Tout se passe comme si le dossier ne devait plus être évoqué. Comme si une chape de silence devait faire oublier une promesse délicate.

IL y a quelques semaines, le délégué ministériel en charge de la fermeture de la centrale de Fessenheim, Francis Rol Tanguy,  a quitté son poste. Il est devenu directeur de cabinet du ministère de l’écologie et a été remplacé par Jean Michel Malherba, un polytechnicien.

Pas d’avancée législative

Sur le plan législatif, rien n’a avancé. On attend le projet de loi sur la transition énergétique qui devra être dévoilé après les élections municipales. Depuis longtemps, il était question que le Gouvernement propose une loi prévoyant expressément la fermeture de la centrale alsacienne. A défaut de rationalité économique ou de justification sur le plan de la sécurité, la décision ne peut-être que politique

En effet, la centrale de Fessenheim, malgré la pression de militants anti nucléaire n’est pas considérée par l’Autorité de Sureté comme dangereuse.

Pas de mouvements internes chez EDF

A l’interne, rien n’a été engagée pour une mutation des salariés d’EDF. La centrale de Fessenheim emploie environ 750 salariés, et en permanence environ 250 personnes d’entreprises extérieures. La fermeture réduirait très vite, dès 2017 les besoins en effectifs à  dix pour cent de cet effectif. ” Les personnes en charge de la fermeture n’ont  pas les mêmes compétences que les personnes en charge de son fonctionnement.” rappelle un responsable d’EDF.

Or, il faudrait organiser la mutation des personnes EDF vers d’autres sites ayant besoin de leurs compétences. Evidemment, EDF a des besoins pour le reste de son parc nucléaire. Mais le groupe réalise des embauches sans prendre en compte expressément le rédéploiement de 750 emplois.

Mais cela n’est pas une mince affaire dans une entreprise où le dialogue social a un prix. Les mutations inévitables devront être gérées techniquement et financièrement. La fermeture de Fessenheim donneait le coup d’envoi d’un vaste redéploiement d’effectif, car la fermeture de Fessenheim, ne serait que la première d’une série. Il faudrait pour prévoir des points de chute, des formations, un calendrier de mutations dans la perspective potentielle de fermeture d’autres sites.

Pas de mouvement vers les sous-traitants

De même rien ‘est prévu pour les entreprises sous traitantes qui interviennent  en permanence sur le site.

La fermeture entrainerait au total la suppression de 1000 emplois dans une région, qui comme les autres,  connait son lot de fermetures d’entreprises et de licenciement. En dix ans, l’Alsace, l’une des régons les plus riches de France, a perdu des milliers d’emplois industriels.

La fermeture de Fessenheim aurait des conséquences sur tout un tissu économique et social dont la reconversion n’est même pas esquissée. Le départ rapide de quelque 750 familles d’agents d’EDF d’une manière brutale  représentait un exode avec un impact sur le commerce, les services. Les collectivités perdraient une source de recettes fiscales importantes.

Pas de reconversion

Dans le cadre d’une décision stratégique, programmée cette reconversion aurait du être anticipée dès l’entrée en fonction  du gouvernement qui a pris cet engagement. Cela a été le cas au temps de Nicolas Sarkozy, lors de la fermeture de sites militaires. Or, pour le moment aucune mesure d’accompagnement n’est annoncée au niveau des collectivités, ni pour le bassin de Fessenheim, ni pour d’autres bassins économiques.

Des répercussions financières

La fermeture de Fessenheim aurait des répercussions financières à plusieurs niveaux: pour EDF, pour l’Etat actionnaire, pour les actionnaires de la centrale et pour les actionnaires d’EDF.

Il faut prévoir un dédommagement d’EDF par l’Etat en fonction de manque à gagner de l’entreprise. Fessenheim 1 a été autorisée à fonctionner jusqu’en 2021, et Fessenheim 2 jusqu’en 2023. Si les deux réacteurs sont privés de 4 et 6 ans de production, 10 ans en tout, le manque à gagner pourrait être estimé à 2 milliards car EDF estime que les réacteurs rapport chacun 200 millions par a.

EDF estime même que les deux réacteurs pourraient être exploités dix années supplémentaires, rapportant chaque année ensemble 400  millions pendant dix ans, soient 4 milliards. Ce qui équivaudrait à 4 milliards d’euros de manque à gagner. Le manque à gagner total pourrait être estimé à 6 milliards, et sans doute 8,  que l’Etat actionnaire devrait apporter à l’entreprise dont il est actionnaire. Or, sur ce plan là, rien n’est budgétisé ni du côté de l’Etat, ni du côté de l’Etat actionnaire.

Indemniser les actionnaires

Il faudrait évidemment indemniser des actionnaires d’EDF, car l’entreprise est cotée en bourse. Le cours de bourse d’ailleurs ne manquerait pas de chuter, entrainant une dépréciation d’un actif financier de l’Etat. EDF aurait sans doute du mal à vendre la qualité de ses centrales dans le monde, alors qu’elle n’est pas en mesure de protéger des centrales en fonctionnement en France.

La fermeture de Fessenheim a un cout financier car il faudrait indemniser les électriciens étrangers qui ont investi dans la centrale nucléaire. Allemand et Suisse Pour éviter tout contentieux, le groupe devrait néanmoins prendre cette décision en accord avec ses quatre partenaires économiques engagés dans la centrale :  EnBW et les suisses, Alpiq, Axpo et BKW.

Une nouvelle ligne à très haute tension en Alsace

Enfin, la fermeture de Fessenheim, déséquilibrerait l’approvisionnement électrique d’une région transfrontalière industrielle. Il faudrait en particulier construire en Alsace, en toute hâte, une ligne à très haute tension d’une trentaine de kilomètres pour combler le maillage de transport d’électricité. Sur ce dossier, RTEa réalisé des études, mais officiellement ni le projet ni ses couts ne sont évoqués.

La fermeture de Fessenheim est d’autant plus délicate qu’elle devait être logiquement la première étape, modeste, d’une réduction du nucléaire pour passer de 80 à 50% de la production d’électricité d’ici à 2025. Une promesse difficilement tenable.

michel.deprost@enviscope.com

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