Glyphosate : les dessous d’une psychose organisée

Dans son enquête sur le glyphosate, Gil Rivière Wekstein explique comment l’avis du Centre international de recherche sur le cancer de 2015, seul avis scientifique sur la cancérogénicité du glyphosate, s’explique largement par l’alliance entre des cabinets d’avocats qui conçoivent la cause de plainte comme un marché juteux, des associations influenceuses et des journalistes influencés.

Mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), basé à Lyon, publie un avis sur le glyphosate, qu’il classe « cancérogène probable pour l’homme. » Depuis, cet avis fait force de loi et le débat sur ce désherbant largement utilisé dans le monde est devenu impossible.

Etudes contradictoires

Gil Rivière Wekstein rappelle que l’avis du Circ reste le seul à estimer que le glyphosate est cancérigène pour l’homme, alors que de nombreuses autres agences de recherche, nationale et européenne n’ont pas mis en évidence de lien de causalité entre glyphosate et cancer. Il cite en particulier une étude menée aux Etats-Unis pendant de longues années sur plusieurs dizaine de milliers d’utilisateurs du glyphosate qui n’a pas permis de mettre en évidence un surcroît de risque lié à l’utilisation de ce désherbant.

Gil Riviere Wekstein, analyse l’environnement du dossier autour du glyphosate et les liens des antiglyphosate. Il rappelle, ce qui est connu depuis 2015, que Christopher Portier, chercheur clé du dossier, a participé au groupe de travail du Circ alors qu’il n’était pas, de son propre aveu, spécialiste des questions de toxicité, mais qu’il était un militant affirmé antibiotechnologies, antipesticides et antiglyphosate.

La défense des « victimes », un marché juteux

Il a d’ailleurs, après l’avis du Circ qui a créé une situation intéressante pour les avocats défenseurs des « victimes », été rémunéré comme conseil. En fait, rappelle l’auteur, le droit aux Etats-Unis est parfois un business comme un autre, et la défense des victimes des grands groupes est un marché plutôt juteux, qui se chiffre en milliards de dollars… Il est donc crucial pour les avocats de créer un environnement, qui permette de faire s’exprimer des victimes, d’orienter l’opinion, de mobiliser des associations, avec le soutien, souvent orienté de plusieurs journalistes sympathisants de causes environnementales. Gil Rivière Wekstein, dénoue ainsi les fils pour resituer les rôles de Stéphane Foucart, journaliste du quotidien le Monde, des ONG, et des cabinets d’avocats.

L’auteur explique même comment des pressions très peu confraternelles ont été exercées sur plusieurs journalistes qui ne cédaient pas à l’obligation de hurler avec les loups. L’une d’entre elles a été littéralement espionnée, harcelée, diffamée, mise en cause devant des employeurs, car elle entendait faire son travail en toute indépendance.

Effets sur l’environnement et la biodiversité non abordés

Notons tout de même que cette enquête, efficace, si elle lève un coin du voile sur les dessous d’une manipulation de l’opinion, n’aborde pas d’autres sujets de préoccupation concernant le glyphosate, à savoir notamment ses effets sur l’environnement et la biodiversité.

Glyphosate, l’impossible débat, intox, mensonges et billets verts, Gil Rivière Wekstein, 170 pages, Le Publieur, 2020.

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