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Pour une fusion du Rhône et du Grand Lyon

Dans leur démarche dévoilée en décembre, sans même que les assemblées en aient débattu, Michel Mercier et Gérard Collomb, ont voulu répondre à deux problèmes. A court terme, celui de leur existence politique. A long terme, celui d’une meilleure organisation administrative.

Cet accord féodal,  qui précède une loi non encore votée, risque de ne pas régler grand-chose pour le deuxième point. Le Gouvernement suzerain, semble avoir accepté le fait accompli. Mais la Région entend bien  participer au débat auquel elle n’est pas invitée, et c’est le Parlement qui on l’espère aura le dernier mot sur le sujet.

 L’Eurométropole proposée n’est pas la bonne réponse. La Métropole lyonnaise bizarrement orientée vers Saint-Etienne et le Nord Isère,  y reste coupée de l’axe Lyon Tarare-Roanne et d’un Val de Saône stratégique. Que peut faire un département en arc de cercle, des Coteaux du Lyonnais, des vallées de l’Azergues, de la Saône? Que deviendra une liaison Saint-Etienne Lyon, passant à saute mouton par des territoires hors métropole à partir de Brignais ? Comment le Département du Rhône gèrera-il le contournement Ouest de Lyon?

Au delà des charcutages

 Il faut  aller au-delà des  charcutages qui ne sont pas gastronomiques. Pas facile. Car Lyon ne s’est pas construit sur des territoires féodaux, mais sur des échanges commerciaux et financiers qui dépassaient les limites locales.

Pour préparer vraiment les mutations, il faut étudier et débattre de la fusion du Département du Rhône et du Grand Lyon.

D’abord, il y a des précédents, Paris et le Département de la Seine sont une seule entité. Bas Rhin et Haut Rhin fusionneront avec la Région Alsace pour former une seule entité ! Coup d’audace a été démocratiquement  préparé et décidé en toute transparence dans une Région qui ne passe pour arriérée. Face au Bade Wurtemberg, premier land allemand par la richesse, les Alsaciens savent ce qu’apporte une vraie décentralisation Outre Rhin.

Simplification administrative

Un département Rhône Lyon associant clairement des deux compétences serait justifié sur plusieurs plans Sur le  plan administratif il conduirait à la simplification du millefeuille français qui coûte si cher sans être efficient. Le Rhône compte 293 communes alors que la Suède n’en compte que 290 !

Sur le plan politique, une seule assemblée, élue au suffrage universel, comme les actuels Conseils généraux offrirait une représentation plus large de toutes les composantes de la société, une ville centre et des campagnes, des  BO-BO lyonnais aux ruraux. Ce serait l’occasion d’introduire le suffrage universel directe dans le débat Grand lyonnais. Cette refondation républicaine serait idéale pour accompagner vraiment les défis de l’urbanisation, car la métropole lyonnaise a une influence au-delà du Grand Lyon.

Déployer les compétences lyonnaises

Le Grand Lyon a des urbanistes,  des savoirs faire, dans l’aménagement. Le Grand Lyon formidablement outillé en intelligences, en technique, déploierait ses moyens sur d’autres espaces souvent en mal de compétences !

L’économie d’échelle serait  réelle au niveau des finances publiques, utilisables avec une vraie cohérence. Un million, c’est de l’argent de poche dans le budget du Grand Lyon, c’est une manne pour une intercommunalité rurale. La gestion solides des finances du Grand Lyon , saluées récemment par la Chambre des Comptes, pourrait être mise en pratique à une échelle plus large. Les moyens et  la bonne gestion sont nécessaires à une époque où il faut gérer la transition énergétique, rénover des centaines de milliers de logements en ville comme à la campagne.

Aménager et gérer la proximité

Rhône-Lyon aurait des compétences  pour l’aménagement et la gestion de la proximité où il excelle. Urbanisme, gestion du foncier, construction des réseaux pour l’eau potable, traitement des eaux usées, production et distribution d’énergies prendraient une autre dimension. Il serait temps, car la distribution de l’électricité en France est loin d’être rationnelle. Trois syndicats intercommunaux aux frontières sinueuses se partagent encore cette compétence dans le Rhône.

Rhône-Lyon fusionné, aurait la compétence de la gestion des ordures ménagères. L’entité gèrerait comme actuellement le Schéma départemental de collecte et de traitement des ordures ménagères et pourrait tirer un meilleur partie des installations.

Transports urbains et interurbains

Cette vision globale permettrait de mieux gérer la mobilité des personnes, avec la création d’une Autorité Organisatrice des Transports unique. C’est bien nécessaire car la coordination des actions avance peu. Les arrêts, la signalétique, l’information de l’utilisateur, comme les billettiques divergent encore et l’entrée de chaque commune du Rhône dans le SYTRAL fait l’objet d’âpres négociations!

La dimension sociale serait évidemment centrale,  avec bien sûr la question du logement.  La culture ne  serait pas exclue. On voit bien la perméabilité  Rhône-Lyon en matière de musées : L’ancien Muséum d’Histoire Naturelle a été transféré par la Ville de Lyon au Département du Rhône, qui a créé le Musée de Confluences appelé à entrer dans le périmètre de la Ville. En matière d’enseignement, il y aurait évidemment à gagner à une gestion unifiée des collèges.

Cité de la Gastronomie

Le Grand Lyon met justement en avant  le magnifique grand parc urbain de  Miribel Jonage, et tente de préserver l’agriculture périurbaine. La future aire métropolitaine aurait à s’intéresser de près à de vastes espaces agricoles, ce que le Département du Rhône réalise avec détermination. Lyon qui se veut capitale de la Gastronomie tourne en fait le dos à un Beaujolais en crise et aux ressources agricoles du Rhône Vert. A l’heure où on parle agriculture de proximité, circuits courts, traçabilité, l’agglomération de Lyon serait  connectée  à des ressources agro –alimentaires  très variées source de possibles innovation et développement industriels.

Ressources naturelles et ressources renouvelables

L’agglomération serait aussi directement connectée aux ressources naturelles renouvelables comme la biomasse et le bois. La question des ressources, notamment territoriales, est au coeur des prochains enjeux comme le rappeller l’Institut Michel Serres implanté à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon.

Le potentiel  naturel et touristique du Rhône des monts et des collines pourrait être redécouvert par les  Grand Lyonnais qui préfèrent se tourner vers les Alpes ou l’Ardèche.

 La Région chef de file

Face à cette métropole de moins de deux millions d’habitants aux compétences claires, la pertinence du niveau régional est évidente.  La Région devrait, comme c’est prévu, animer quelques compétences qui ne peuvent  s’exercer qu’à une échelle plus large. Elle  aura les compétences stratégiques qui n’ont pas de liens avec l’aménagement  et le fonctionnement locaux, mais supposent mobilité des hommes comme des marchandises.

La Région doit assurer les cohérences, encourager les coopérations. Lyon ne peut fonctionner sans Grenoble, sans Valence, sans Bourg en Bresse, sans les villes en pleine croissance du sillon alpin.

La Région doit renforcer son rôle en matière d’animation économique  et financière, qui justifie de s’appuyer sur des bassins larges, pour l’établissement de stratégies de filières, de cohérences logistiques.

La Région conserverait les compétences liées à  la formation professionnelle, mais aussi ce qui y prépare les lycées, l’enseignement supérieur,  la recherche. C’est bien à cette échelle qu’il faut raisonner les cartes de formations, et les équipements, y compris les hébergements, les internats  et campus, comme les moyens de transports pour rejoindre le dimanche soir le lycée où on prépare son BTS, son centre d’apprentissage ou sa faculté.

La Région a donc vocation à s’occuper des transports régionaux et interdépartementaux, et à avoir un œil sur les infrastructures régionales de transport. La  Région  donne cohérencs aux politiques énergétiques, agricoles, à la protection des espaces naturels, en innovant, en cherchant, en lançant des appels à projets, des expérimentations. La Région ne serait pas  une collectivité de gestion, mais largement une collectivité chef de file capable d’assurer l’indispensable solidarité, et l’irremplaçable brassage social et humain qui évite les consanguinités.

michel.deprost@enviscope.com

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