Il y a quelques similitudes entre le cancer et ses traitements, et des embouteillages dans une agglomération. Ces phénomènes sont tous les deux ce que les chercheurs appellent des « systèmes complexes. »
Les causes des tumeurs cancéreuses sont nombreuses et très variées : altération du processus de « mort cellulaire » avec des cellules cancéreuses qui ne ” meurent pas”, réactivité de l’organisme à certains produits, génétique…Les traitements sont aussi nombreux, et les interactions traitements-patients sont aussi nombreuses, leur efficacité étant difficile à prévoir. Il faut donc modéliser ce système complexe pour avoir prise sur lui et par exemple mettre au point des traitements plus efficaces.
Un embouteillage est un autre phénomène complexe, qui se peut se produire alors que chacun conduit normalement. L’embouteillage apparaît souvent pour des raisons difficiles à cerner et se dissout de la même manière, mais il faut aussi essayer de la prévenir et de le faire disparaître. Ce qui suppose une connaissance du système complexe « embouteillage ».
Davantage de données, davantage de complexité
La réalité qui nous entoure est complexe. Et les chercheurs n’ont pas fini d’accumuler les données, les hypothèses, rendant la compréhension encore plus difficile. Toutes les disciplines sont confrontées à cette complexité. C’est ce qui a poussé des chercheurs de différents laboratoires de Rhône-Alpes à créer l’Institut Rhônalpin des Systèmes Complexes ( IXXI).
La complexité se cantonnait autrefois à l’étude du climat, de la météo, ou à de rares problèmes théoriques. L’étude des systèmes complexes requiert une approche « globale ». Elle nécessite de mettre en commun des compétences issues de domaines de recherche différents que de puissants outils de calculs adaptés à la gestion des nombreuses données. C’est cette convergence pour la traitement des données qui a donné naissance dans le sillage du Grand Collisionneur de Hadrons du CERN, à la mise au point de grilles de calcul.
La « science des systèmes complexes » cherche elle à organiser et à clarifier la recherche sur ces systèmes en mettant au jour les grandes lois dont ils dépendent. De multiples secteurs du domaine médical ou de la biologie sont requis pour réaliser ces modèles, de la neuro-biologie à l’endocrinologie, en passant par la biochimie ou la statistique. Cette modélisation donne une vue générale de l’organisme et de l’appréhender de manière dynamique, contrairement à ce que permet une approche « classique ».
Première en France
Pour la première fois en France, un Institut de recherche, l’Institut Rhônalpin des systèmes complexes a été créé pour fédérer des chercheurs de disciplines différentes et développer en Rhône-Alpes, des recherches interdisciplinaires, autour de la modélisation des systèmes complexes. L’IXXI est devenu la tête de pont d’un réseau de structures privées et publiques de la Région Rhône-Alpes.
L’IXXI réuni le CNRS et l’IRD (l’Institut de recherche sur le développement) , l’ENS Sciences et ENS Lettres et Sciences humaines, les Universités Lyon 1 et Lyon 2, l’INSA de Lyon, l’Université Joseph Fourier (Grenoble), et l’INRIA ( Institut National de recherche en Informatiques et Automatismes) Rhône-Alpes ont formé l’IXXI à la tête duquel Pablo Jensen, physicien, a succédé à Michel Morvan.
L’IXXI, rappelait Pablo Jensen, lors d’un récent colloque organisé
à l’INSA de Lyon, mène trois types d’actions. L’Institut organise des
événements scientifiques destinés à promouvoir les rencontres et les
échanges entre chercheurs, des appels à projets pour cristalliser des
collaborations naissantes, et un hôtel à projets qui permet des résidences
de quelques années. Cette politique porte ses fruits, car l’IXXI participe à
5 des 12 projets retenus par l’ANR lors de l’appel “Systèmes complexes”
(environ 80 projets soumis). L’IXXI, qui dispose de locaux près de l’Ecole
Normale Supérieure de Sciences, projette de s’installer dans un bâtiment
propre dans les prochaines années, dans le cadre du Plan.
Pour en savoir plus sur l’IXXI: http://www.ixxi.fr/
