La production d’huile à partir de Jatropha, un végétal planté depuis plusieurs décennies en Afrique subsaharienne, pourrait fournir des biocarburants dans des campagnes africaines, pour des usages locaux, en particulier des usages agricoles. Un atelier organisé ce mardi lors du Forum Eurafric ouvert le même jour à Lyon, a permis de faire le point sur ce végétal miracle qui attire des investisseurs étrangers à la recherche de terres.
La production d’huile à partir de Jatropha curcas (ou Curcas curcas) a été lancée à partir de 1986 au Mali, après que des essais ont été menés pendant la deuxième guerre mondiale, a expliqué Hanta Faye, directeur du Centre National de l’Energie Solaire et des Energies Renouvelables du Mali. Le nombre de moulins permettant de broyer la plante a été multiplié dans les villages, a expliqué Aboubacar Samake, chef de projet pour le CNESOLER. La graine de Jatropha contient 40% d’huile, une huile qui permet aussi de produire du savon traditionnel comme du savon de Marseille. Le tourteau peut être un excellent engrais.
Le Mali a développé l’exploitation du Jatropha qui offre l’avantage de fournir un carburant à un coût inférieur à celui du pétrole importé: 500 francs CFA le litre contre 580 francs CFA pour le pétrole.
Dans plusieurs pays
La plante « magique » est aussi valorisée dans d’autres pays. Au Burkina Faso, dans la région du Haut Bassin, sur le territoire de Tuy, l’association ICDES ( Institut de Coopération au développement Economique et Social) veut faciliter l’exploitation de plusieurs territoires de 50 hectares confiés par des communes pour atteindre une production de 49 000 tonnes. Le projet est étudié par l’Université de Ouagadougou, l’association Altaïr animée par des étudiants de l’ISARA ( Institut Supérieur d’Agriculture Rhône Alpes), par le CIRAD.
Les pouvoirs publics africains sont conscients des avantages, mais aussi des risques. Des investisseurs étrangers sont à la recherche de terres à exploiter pour des cultures qui permettent de vendre des crédit carbone dans le cadre des mécanisme de développement propre ( MDP) mis en place dans la cadre du protocole de Kyoto. Les autorités veillent à ce que la culture du Jatropha ne concurrencent pas les culture alimentaires.
Jean Chrysostome Mekonndongo, ministre délégué auprès du Ministre d’Etat aux Mines, à l’Energie et l’Hydraulique en charge de l’Energie et de l’Hydraulique de République Centrafricaine, a été clair. « Nous avons attendu, puis voté une loi qui prévoit d’exclure les cultures de Jatropha des zones de cultures alimentaires»
Il reste maintenant à améliorer la valorisation de Jatropha, tout en conservant une grande prudence. Au Mali, le CNESOLER est au choix des variétés les plus intéressantes. A suivre.
L’atelier « Energies renouvelables en Afrique » était animé par Michel Deprost, rédacteur en chef d’Enviscope, Enviscope étant partenaire du Forum Eurafric.