Le Conseil économique, social, environnement d’Auvergne Rhône-Alpes, a contribué à la préparation du Schéma Régional d’Aménagement , de développement durable et d’égalité des Territoires. Jean-Claude Michel , rapporteur de la contribution : « Le schéma d’aménagement Auvergne-Rhône-Alpes : ambitions et défis » répond à Enviscope.com.
Comment le Conseil économique, social et environnemental d’Auvergne -Rhône-Alpes a-t-il travaillé ?

Le Schéma régional d’aménagement, de Développement durable et d’Egalité des territoires (SRADDET) d’Auvergne Rhône alpes qui sera adopté par le Conseil régional en 2019 servira de cadre à l’aménagement du territoire régional, au déploiement des infrastructures, des activités économiques, des réseaux etc…. Il conditionnera la vie de tous les habitants sur tous les territoires.
En tant que représentants de la société civile organisée, nous avons été consultés par l’exécutif régional en 2016 sur la méthode d’élaboration du Schéma. Après ce premier travail, nous avons voulu contribuer au contenu, en amont, sans attendre que l’exécutif nous consulte. En s’appuyant sur nos travaux passés ou en cours, nous avons dégagé les priorités du Ceser pour réussir un développement équilibré de notre région. Notre démarche a été menée en concertation avec l’exécutif qui a apprécié ce travail de défrichage.
Pour le CESER, le SRADDET doit être « la boussole » de l’action publique pour préparer l’avenir des générations futures. Les principaux leviers d’action seront ce que nous appelons une « métropolisation réussie » , ensuite la mobilisation les acteurs locaux pour faire émerger des projets de territoires et enfin le développement de réseaux dans tous les domaines, entre les métropoles, les villes et les campagnes pour qu’aucun territoire, et aucun habitant ne reste à l’écart.
Quel est l’avis sur la place des métropoles ?
Pour le CESER les métropoles sont une chance pour notre région. Elles créent de la richesse, fournissent des opportunités de développement. Mais cette métropolisation ne doit pas tourner le dos aux territoires, en particulier aux territoires où se trouvent des villes moyennes, des petites villes, des bourgs, des campagnes.
Contrairement à ce que l’on peut penser , la répartition des richesses ne se fera pas par simple ruissellement à partir des métropoles. Il faut par contre profiter des atouts apportés par ces dernières et les métropoles doivent être des têtes de réseaux internationaux favorisant le développement des autres territoires.
N’y a t-il pas des territoires en grandes difficultés ?
Il existe des territoires confrontés à des difficultés économiques, des difficultés d’emploi, d’accès aux services, mais pour reprendre une formule bien connue, il n’existe pas de territoire sans avenir, il n’existe que des territoires sans projet. Un projet territorial nécessite un leader, des acteurs de terrain compétents et engagés, mais aussi l’acceptation et l’adhésion des habitants. Enfin, il doit s’inscrire dans la durée.
Bien sûr, certains territoires peuvent manquer de ressources. Ce sera le rôle de la Région, d’accompagner tous les territoires, pour faire émerger des projets et les mener à bien. La place des villes moyennes est particulièrement importante. Auvergne Rhône Alpes bénéficie d’un réseau de villes moyennes, qui seront des appuis fondamentaux pour les territoires éloignés des métropoles.
Vous dites qu’il faut développer des réseaux ?
Aucun territoire ne doit être laissé à l’écart. Cela passe par le développement de réseaux. Il faut bien sû des transports pour les personnes et les marchandises, des réseaux ferroviaires, des routes, par exemple. Il faut aussi des réseaux numériques, permettant le débit attendu par les usagers. Il est indispensable de réaliser une couverture par la fibre optique et une couverture hertzienne complémentaire pour offrir partout un débit de 100 Mb par seconde.
Il faut bâtir des réseaux de territoires. Il faut en particulier penser aux territoires qui se trouvent en limite des régions, aux frontières de deux régions, qui peuvent être potentiellement oubliés. Il faut donc penser aux coopérations entre régions, qui sont indispensables et doivent être développées.
La dimension environnementale est aussi essentielle ?
Pour le Ceser, le développement équilibré des territoires doit respecter les piliers du développement durable : le développement économique créateur de richesses, la solidarité sociale et territoriale, la valorisation et la protection de l’environnement, et enfin une gouvernance et un management territorial adaptés.
Au plan de l’environnement, Auvergne Rhône-Alpes doit devenir exemplaire dans cinq domaines.Elle doit être exemplaire dans le domaine de la performance énergétique de l’habitat partout. Elle doit développer des filières de transports décarbonés. La biodiversité doit être prise en compte dans toute stratégie et dans tout projet d’aménagement. Pour les déchets, il est nécessaire de donner la priorité à la prévention , au recyclage, au traitement, mais aussi à l‘éducation à l’environnement.
Cette prise en compte des ressources doit aussi s’appliquer aux sols ?
Pour le Ceser, la gestion foncière sera un des défis majeurs pour l’avenir de la région. De nombreux équilibres restent à trouver pour à la fois réserver le foncier indispensable aux fonctions majeures et au développement économique, préserver les terres agricoles d’une artificialisation galopante, densifier les centres bourgs, etc… Le tout en préservant les zones sensibles et leur capital de biodiversité. Seule la culture du dialogue et de la médiation permettra d’aboutir à une répartition équilibrée des usages du foncier.
Recueilli par michel.deprost@enviscope.com