Le 22 décembre, Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère ont porté plainte contre le festival Tomorrowland Winter pour nuisances sonores répétées et illégales. L’événement annuel dépasse pour chacune de ses éditions » les seuils réglementaires d’émission sonore, portant atteinte à la santé et à la tranquillité des habitant·es de l’Alpe d’Huez
Malgré des alertes récurrentes et des constats officiels, les pouvoirs publics sont restés inactifs. À l’approche de la 6ᵉ édition prévue en mars 2026, les associations ont décidé de saisir le parquet de Grenoble.
Priorités aux affaires
Le festival Tomorrowland est un événement dont les retombées économiques sont mises en avant par les organisateurs et les collectivités. Cela laisse peu de place à une prise en compte globale des impacts environnementaux et sanitaires. Pour attirer la clientèle, pour donner à la station des allures de parc d’attractions, les aménagements et dépenses sont multipliés souvent au mépris du respect de la réglementation.
600 000 euros d’argent public pour la scène
En septembre 2024, la commune a procédé à un agrandissement du terrain de football de plus de 1 500 m² pour accueillir la scène principale du festival. Ces travaux, dont la légalité demeure à ce jour incertaine, ont représenté un coût d’environ 600 000 euros d’argent public.
Cet événement est aussi, souligne Mountain Wilderness, source de nombreuses pollutions. Le transport des festivaliers représente à lui seul plus des trois quarts (77 %) du bilan carbone. Parmi les 22 000 participants, près de la moitié viennent de l’étranger. Si certains parviennent à se rendre à Huez en autobus, l’avion est largement mis en avant par les organisateurs du festival qui proposent des « Flight Packages » au départ d’Amsterdam, Bruxelles ou Barcelone. Une débauche de consommation d’énergie, alors que l’Oisans a commémoré l’été dernier, les 3 ans de la disparition du glacier de Sarenne.
Des nuisances sonores maintes fois démontrées
Le festival est aussi une source importante de pollution lumineuse et de pollution sonore. Dès 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) a constaté des infractions caractérisées à la réglementation relative aux nuisances sonores, de jour comme de nuit. Les émergences sonores mesurées excèdent les seuils autorisés, y compris avant la mise en service de la scène principale.
En 2025, Mountain Wilderness, Stop Tomorrowland Alpe d’Huez, Actionnaires pour le Climat et France Nature Environnement Isère avaient fait appel à un bureau d’étude spécialisé en acoustique pour réaliser des mesures. Constat sans appel : de jour comme de nuit, dans les appartements riverains comme dans la rue, les mesures ont confirmé l’émission de bruits amplifiés dont le volume dépassait de six fois, les limites réglementaires, objectivant par là même le ressenti d’un certain nombre d’habitant·es.
Dans le cadre d’une action contentieuse auprès du Tribunal administratif de Grenoble, le juge des référés n’a pu que constater que les bruits générés par le déroulement du festival excédaient les valeurs limites. À cette même occasion, l’organisateur et le maire de l’Alpe d’Huez ont reconnu la non-conformité du festival au regard des normes sanitaires et environnementales.
Face à la répétition des infractions constatées, à l’atteinte durable à la qualité de vie des habitant·es et aux impacts environnementaux majeurs de l’événement, Mountain Wilderness et France Nature Environnement Isère estiment qu’il n’est plus possible de fermer les yeux. La plainte déposée vise à rappeler que les manifestations festives, aussi médiatisées soient-elles, doivent respecter le droit et la santé publique, en particulier en territoire de montagne.
