Les émissions de CO2 liées aux activités humaines injectent chaque année 8,9 gigatonnes de carbone dans l’atmosphère. Les océans capturent près de 2,3 gigatonnes de carbone, et la végétation (forêts, prairies, cultures, marais..) environ 2,5 gigatonnes.
Le reste du carbone émis dans l’atmosphère contribue au réchauffement global de la planète.
Les activités humaines ont énormément augmenté l’exportation de carbone des écosystèmes terrestres vers les rivières et les estuaires. Une partie du carbone émis depuis la période pré-industrielle est séquestrée dans les sédiments des cours d’eau et des mers au lieu d’être stockée dans les écosystèmes terrestres, la biomasse et le sol. Une autre partie est relâchée sous forme de CO2 vers l’océan et ensuite vers l’atmosphère.
Ces résultats publiés dans Nature Geoscience ( 1) sont le fruit d’une recherche internationale à laquelle ont participé le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (IPSL/LSCE – CEA/CNRS/UVSQ) et le laboratoire « Géosciences environnement Toulouse » (CNRS/IRD/Université Paul Sabatier Toulouse 3).
Les chercheurs se sont intéressés à l’ensemble des rivières, lacs, fleuves, estuaires et zones côtières, impliqué dans le bilan des sources et puits de CO2. L’examen des données déjà publiées a montré qu’une proportion importante des émissions de carbone d’origine anthropique absorbée par les écosystèmes terrestres « fuit » dans le continuum aquatique terre-mer.
Les écosystèmes terrestres stockent 0,9 gigatonne de carbone chaque année. Ce carbone fuit du fait de la déforestation, du déversement des eaux usées et du processus de météorisation vers les systèmes aquatiques, et finalement vers l’atmosphère. Environ 10% de ce CO2 atteint la haute mer.
La capacité globale de stockage des écosystèmes terrestres ( forêts, cultures, sols) doit être significativement révisée à la baisse. Les flux du continuum aquatique terre-mer doit être pris en compte dans les bilans globaux du CO2.
1) « Anthropogenic perturbation of the carbon fluxes from land to ocean », Pierre Regnier et al., Nature Geoscience (2013), doi:10.1038/ngeo1830. http://dx.doi.org/10.1038/NGEO1830