Le Ceser est l’union des « pour  » – Antoine Quadrini, président du Ceser Auvergne-Rhône-Alpes

Dans une France marquée par les fractures, les oppositions, les clivages, l’union des « contre », le Conseil Economique, Social et Environnemental de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Ceser), est l’union des « pour », de ceux qui écoutent, s’écoutent, réfléchissent, proposent et construisent. C’est le fond du discours d’Antoine Quadrini, président du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional prononcé le 21 janvier devant les représentants de toute la société régionale, en présence d’Etienne Blanc, premier vice-président de la Région.

Antoine Quadrini, Président du Ceser Auvergne-Rhône-Alpes. ©Ceser Auvergne-Rhône-Alpes

Dans un contexte national où l’expression des contestations populaires est multiple, où le manque de confiance en la démocratie s’exprime quotidiennement, je forme des vœux de sérénité et d’apaisement pour notre pays. Loin de se résumer à un duel binaire ancien-nouveau monde, l’entrée dans une nouvelle décennie est une étape charnière et symbolique.

A la fois toujours tournés vers cet ancien monde, solide, réel, dont nous connaissons les potentialités autant que les limites, et attirés par un monde nouveau, porteur d’espérance, d’opportunités, et en même temps de risques et de menaces difficiles à évaluer. Coût de la vie, inégalités croissantes, état des services publics, fractures territoriales et générationnelles, urgence climatique… : il est temps de trouver de nouveaux schémas, de nouvelles régulations à mettre en place.

S’engager et avancer

Alors, plutôt que d’attendre ce nouveau monde et de le rêver, il revient à chacun de poursuivre son engagement et d’avancer. Ce sera le défi de cette décennie, et l’année 2020 donnera le ton.

Personne à ce jour ne semble encore avoir trouvé le mode d’emploi démocratique ou le chemin permettant de nous y conduire.

A titre d’exemple, la Convention citoyenne pour le climat, mise en place au niveau national, est une expérience intéressante. Son organisation, bien qu’assurée par le Conseil Economique, Social et Environnemental national, appelle cependant de ma part les questionnements suivants :

  • La convention citoyenne doit-elle être étendue à d’autres sujets économiques, sociaux, environnementaux, sociétaux… ?
  • Le tirage au sort des citoyens est-il la voie/x de la démocratie ?

Pour ma part, je n’en suis pas convaincu.

Donner la priorité aux institutions

La République doit s’appuyer prioritairement sur ses institutions, les renforcer en leur redonnant plus de force et de vigueur. Le Ceser est de celles-ci. Le Ceser n’existe pas pour lui-même. A partir des informations recueillies, de ses réflexions et analyses, le Ceser est là pour faire des propositions encore plus proches des citoyens de chaque territoire.

Vous l’aurez compris, le rôle du Ceser est bien là : celui d’aider à renforcer la démocratie représentative mise à mal par le manque de confiance dans ses représentants élus. Ne nous y trompons pas : nous ne sommes pas à côté des élus, nous sommes aux côtés des élus.

Des rassemblements hétéroclites

Dans notre société, nous voyons aujourd’hui l’avènement de rassemblements hétéroclites et de circonstance, en quelque sorte une union des « contre ». Le Ceser a la chance de représenter l’union des « pour ». Or, et pour emprunter les propos de Jacques de Bourbon Busset, écrivain et académicien, « penser contre a toujours été la façon la moins difficile de penser ». Le Ceser ne cherche pas la facilité. Il a le souci de l’efficacité. Par opposition à ceux qui critiquent, qui dénoncent, nous sommes la démocratie qui contribue, celle qui propose et qui impulse un souffle nouveau.

Que les élus, avec toute leur légitimité, s’emparent de ce souffle pour redonner des couleurs à la démocratie. Aussi, et avec chacun d’entre vous, je crois en la force de notre institution.

Cultiver les différences

Je forme pour elle, et au service des habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes, cinq vœux :

Tout d’abord, le vœu d’une institution qui cultive ses différences et puise en elles la diversité des points de vue. Nous représentons aujourd’hui des centaines d’entreprises du commerce, de l’artisanat, de l’industrie, de la recherche et de l’innovation, les forces syndicales dans leur pluralité, les acteurs de l’enseignement, de la solidarité et de la formation professionnelle, le monde agricole dans toute sa diversité, les sphères associatives et leur richesse sociale, sportive, culturelle, environnementale…

La pluralité de ces organisations nous permet de disposer d’une connaissance fine des problématiques. Elle nous permet aussi d’exprimer une variété de points de vue, tout en étant en capacité de produire intelligence collective et consensus.

Un catalyseur d’idées nouvelles

Je forme ensuite le vœu que le Ceser puisse continuer à être un catalyseur d’idées nouvelles et d’énergies positives. Elles permettront non seulement à ce nouveau monde d’éclore mais aussi à chaque citoyen de trouver sa place et de s’y épanouir individuellement et collectivement. Là est la force de nos travaux, de nos propositions et préconisations qui favorisent le bien-vivre des habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes sur leur territoire.

Je pense par exemple aux travaux que nous avons menés dans un secteur d’anticipation, celui de l’hydrogène décarboné. Nous avons très tôt identifié les enjeux environnementaux, sanitaires et économiques majeurs associés à son développement en Auvergne-Rhône-Alpes. L’exécutif du Conseil régional s’en est naturellement inspiré dans ses politiques en lien avec l’hydrogène vert.

Se poser les bonnes questions

Nous vivons dans une société qui ne trouve pas à se projeter, qui a du mal à se dessiner un avenir. Aussi, en 3e vœu, je souhaite que le Ceser continue à être une institution qui cherche à se poser les bonnes questions plutôt que de vouloir apporter des réponses immédiates, simplistes ou incantatoires.

A ce titre, le travail que nous avons mené sur les coopérations économiques territoriales propose une analyse intéressante.

Elle place le point de départ de la réflexion au cœur des territoires : l’expérience zéro chômeur de longue durée à Thiers, le grand chantier du Lyon-Turin, ou le Beaujolais Unesco Global Park… Toutes ces initiatives regroupent des acteurs de nature, d’origine et de taille très différentes. Le Ceser a identifié les leviers, les facteurs et la capacité de ces acteurs à travailler en synergie pour répondre aux mutations de leur territoire. La mise en place d’une bourse dédiée à l’amorçage des projets est une préconisation majeure de ce travail.

C’est, dans un autre domaine, le pari de la réflexion que nous avons menée sur le parcours des étudiants de notre région. Avec près de 320 000 étudiants en Auvergne-Rhône-Alpes, chacun doit avoir toutes les chances de réussir dans un parcours qui lui est propre tant sur le plan pédagogique que géographique.

Grâce à un partenariat avec l’Insee, le Ceser s’est penché sur ces conditions de réussite et de professionnalisation et propose, dans chaque site universitaire, la création de centres de compétences et de métiers afin d’améliorer ces parcours.

Etre connecté avec le réel

Ce qui m’amène à mon quatrième vœu. Celui d’une institution qui continue à rester en connexion avec le réel, ouverte au monde qui l’entoure, à ses évolutions et attentif aux générations futures.

Le Ceser des jeunes, que nous venons d’installer officiellement au cours de l’assemblée plénière de ce matin en est la meilleure illustration. La jeunesse sera notre priorité pour 2020, avec un évènement en partenariat avec le Conseil régional qui donnera la parole aux jeunes.

Le regard du Ceser tourné vers l’avenir est aussi celui porté par notre section prospective. Elle nous place en position d’anticipation en nous permettant de décrypter ce que pourrait être l’avenir. Un article du journal Le Monde du 6 janvier dernier sur l’avenir des sports et stations de sports d’hiver faisait largement écho à des scénarios que le Ceser avait porté dans sa vision sur la montagne à horizon 2040.

Tous ces exemples illustrent que les élus et décideurs politiques régionaux peuvent s’appuyer sur nos travaux. Aussi, ne pas s’en soucier reviendrait finalement à se priver d’une vision concrète, construite, sereine, d’une mise en perspective, d’un appui à la décision.

Une institution utile

Ce qui m’amène en toute logique à mon cinquième et dernier vœu, et non le moindre. Il est l’essence même de notre travail au Ceser, le trait d’union entre les quatre vœux précédents : celui d’une institution utile.

Utile naturellement, Monsieur le Premier vice-Président, aux élus régionaux. Mais pas seulement. Utile également aux acteurs économiques, sociaux, culturels et environnementaux du territoire.

C’est le sens du travail que nous avons mené en vue d’optimiser la mise en œuvre des fonds européens Feder et FSE en Auvergne-Rhône-Alpes.

Grâce à cette étude, le Ceser a élaboré des préconisations dans le but d’améliorer la lisibilité des programmes et de simplifier les démarches des porteurs de projets. Je pense notamment aux entreprises et aux associations. Nous souhaitons que ces recommandations puissent être reprises par l’Exécutif régional dans le cadre de la future programmation 2021-2027.

Un apport utile pour le Conseil régional

Dernier exemple, nos travaux sur le très haut débit. Le Ceser, depuis plusieurs années a témoigné de sa préoccupation forte en termes de couverture numérique du territoire, prônant la nécessité de prévenir les fractures territoriales en Très Haut Débit.

A la suite de la fusion des deux ex régions, nous nous sommes montrés attentifs à ce qu’il y ait une exigence de cohérence, d’harmonisation dans les process et politiques numériques mises en place. Les rapports produits par le Ceser sur le sujet ont notamment permis au Conseil régional de renégocier remarquablement son contrat et de réaliser ainsi une économie financière substantielle de 100 millions d’euros.

Pour garantir cette utilité au service des habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes, Conseil Régional et Ceser doivent évidemment œuvrer de concert. Si cela est déjà le cas aujourd’hui, Monsieur le Premier Vice-Président, je pense que les deux institutions peuvent aller plus loin demain.

Les travaux du Ceser méritent de faire la une

Et, parce que les travaux du Ceser méritent de faire la une des journaux, la réplique d’un kiosque de presse que nous avons créée, vous permet de vous procurer, dès aujourd’hui, les rapports votés. Ils sont aussi disponibles en ligne sur le nouveau site internet du Ceser.

L’année 2020 nous permettra de les déployer plus largement au cœur des territoires. Rien ne sert de produire des analyses et de formuler des recommandations, si elles ne sont pas portées à connaissance. Nos vice-présidents délégués sur et pour les territoires joueront ce rôle d’ambassadeur.

Comme vous le voyez, les défis pour notre magnifique région et l’ensemble de ses habitants sont nombreux. Et nous aurons à cœur de les relever ensemble.

 

 

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