La commission d’appel d’offre, composé de six élus de la communauté d’agglomération, a fait son choix jeudi matin à l’unanimité , choix entériné jeudi soir par le bureau de SEM. Quatre groupements étaient en compétition, les trois non retenus étant conduits par les groupes de BTP Eiffage (architectes Cardete-Huet), Vinci (architecte cabinet Chabanne ) et GFC (architecte Groupe 6).
Il y a plusieurs mois, Saint-Etienne Métropole, propriétaire du stade Geoffroy Guichard, avait pris la décision stratégique de rénover le stade existant plutôt qu’en d’en construire un nouveau. Un choix dicté autant par la volonté de conserver en activité cette enceinte mythique, que par souci d’économie, la construction d’un stade neuf de 40 000 places selon le cahier des charges de l’UEFA étant estimée à 200 millions d’euros minimum, contre 50 à 75 millions pour une rénovation. La rénovation du stade stéphanois proposée par le réputé cabinet d’ architecte Chaix et Morel et associés(qui ont aussi conçu le très beau stade de Grenoble, nominé à l’Equerre d’argent de l’architecture en 2008 ) coutera en définitive 58 millions d’euros.
Projet évolutif
Mais en présentant le projet, le président de SEM Maurice Vincent a aussi souligné les aspects développement durable de la solution retenue: pas de nouvelles infrastructures de transport à construire pour desservir un nouveau stade, des transports en commun (tramway et bus) déjà opérationnels à proximité immédiate, conservation dans le projet de rénovation de l’importante centrale photovoltaïque déjà installée sur le toit des tribunes, meilleure gestion de l’eau et de l’énergie inscrite au cahier des charges du projet, modularité du projet conçu pour recevoir des équipements additionnels (gradins supplémentaires, restaurant panoramique, musée…) et économie, au final, d’une importante surface de terrain qui aurait été mangée en périphérie stéphanoise par la construction d’un nouveau stade.
Dans le même esprit de développement durable et de responsabilité sociale, le groupement retenu devra proposer des emplois à durée de chantier accessibles à un large public local et former des candidats aux métiers du bâtiment en vue d’un CDI.
Le projet du groupement Léon Grosse-Chaix-Morel prévoit la fermeture complète des deux angles Nord de l’actuel stade, qui est un des rares grands stades “à l’anglaise” (1) existant encore en France . Cette fermeture devrait apporter un bien meilleur confort aux spectateurs. Les deux angles Sud , eux, seront couverts par une toiture mais laissés partiellement ouverts sur l’extérieur. De nouveaux gradins viendront remplir en partie trois des angles sur quatre, ce qui permettra à Geoffroy Guichard de gagner 6500 places par rapport à sa jauge actuelle qui passera donc de 33500 à 40 000 places , avec possibilité de monter ensuite sans difficulté à 42 000 places si le besoin s’en fait sentir.
Trois ans de travaux en inter-saisons
L’essentiel de cet agrandissement bénéficiera aux deux “kops” Nord et Sud occupés par les supporters les plus fervents. Les espaces réceptifs (loges et salons) vont être considérablement agrandis , ce qui était réclamé par l’ASSE, club utilisateur, pour passer d’une capacité de 1800 à 2830 places. Les loges passeront ainsi de 18 actuellement à 37 en configuration L1 et même à 40 en configuration européenne. Le nombre de places réservées aux personnes handicapés ou à mobilité réduite va être enfin mis aux normes et la tribune de presse passer de 110 à 150 places avec un fort agrandissement des espaces réservés aux médias. Ces travaux vont s’étaler sur trois ans , principalement aux intersaisons du championnat de foot-ball, l’ASSE restant utilisateur de l’enceinte pendant toute la durée du chantier, et la date de livraison du stade rénové, imposée par l’UEFA, est prévue à l’été 2014.
Coté financement, sur l’enveloppe de 58 millions d’euros, l’Etat s’est pour le moment engagé à hauteur de 8 millions , le conseil général de la Loire et la Région Rhône-Alpes devraient apporter une dizaine de millions à eux deux et le solde , soit une quarantaine de millions, sera à la charge de Saint-Etienne Métropole.
Mais un gros couac a marqué la présentation officiellement du projet: le boycott de l’ASSE et du conseil général de la Loire. La première parce qu’elle estime n’avoir pas été suffisamment associée au choix du projet lauréat (2) , le second parce que sa proposition d’intégrer au futur stade (et de financer) , un musée consacré à l’ASSE n’a pas été retenue dans le projet. Une suggestion à laquelle Maurice Vincent n’a toutefois pas fermé la porte , estimant que la, construction de ce musée peut tout à fait être envisagée dans l’évolution future du stade.
H.C. / henricolomb@yahoo.fr
(1) les stades dits “à l’anglaise” comportent quatre tribunes indépendantes entourant au plus près les quatre cotés de la pelouse, à la différence des stades circulaires ou ellipsoïdaux , où les angles sont occupés par des gradins mais où les spectateurs sont beaucoup plus éloignés du gazon. Les stades à l’anglaise et en particulier le “chaudron” de Geoffroy Guichard sont réputés favoriser une ambiance plus chaude et conviviale lors des matches.
(2) en fait il semble que le club utilisateur penchait plutôt récemment pour un des projets non retenus par l’agglomération, celui du groupement Eiffage , par ailleurs partenaire commercial de l’ASSE.