Le team Rhône-Alpes avait déjà présenté en 2010 une première réalisation, Armadillo Box. « Avec Canopéa, on change de catégorie et malgré ses 72 partenaires, la situation économique rend son financement plus difficile » annonce Vincent Jacques Le Seigneur, secrétaire général de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES). Une année de conception, près de 8 mois de chantier de préfabrication, une quarantaine d’étudiants engagés, une dizaine de grandes écoles, le soutien de grands laboratoires et instituts de recherche, la contribution de nombreuses entreprises, au premier rang desquelles Schneider Electric et EDF donnent la mesure d’un projet considérable.
Partir des contraintes du territoire
A la genèse de cette aventure, l’architecte Pascal Rollet, professeur à l’ENSAG explique la réflexion menée : « Les contraintes du territoire (les fleuves, les montagnes), la nécessaire densification de la population pour réduire déplacements et pollution, mais aussi le rêve des Français (ils sont 86%) d’avoir une maison individuelle à eux, ont constitué les bases du cahier des charges ». Celui qui a été proposé aux étudiants.
Leur réponse a été la construction d’un immeuble de moins de 10 étages, une « nanotour » qui concilie les contraintes opposées d’une vie collective et « d’un chez-soi ». Impossible toutefois de construire une tour et de la déplacer à Madrid. Pour respecter les règles du Solar Decathlon, les concepteurs ont donc choisi de ne présenter que les deux derniers étages de la nanotour : l’appartement individuel du 8e étage et l’espace commun du 9e.
La fabrication du prototype achevée fin août
Sur l’esplanade des Grands Ateliers, la préfabrication du bâtiment n’est pas encore achevée. Il reste à poser la coquille et la double peau, autrement dit toutes les exo-structures, panneaux solaires, ventelles, stores et textiles qui habilleront les deux derniers étages de l’édifice.
Il faudra procéder aux tests de domotique et de gestion de l’énergie de cette habitation intelligente avant de démonter le prototype en 3 modules. Pas question en effet de transporter en un seul morceau un ouvrage de 20 mètres de côté et 6 mètres de haut.
Des équipes pluridisciplinaires
La fierté des étudiants est visible, ceux de l’école d’architecture de Grenoble (ENSAG) ou de Lyon (ENSAL) qui ont conçu Canopéa, ceux d’ENSE3, de Polytech Annecy-Chambéry ou des travaux publics (ENTPE). Tablette numérique à la main, ils commentent les innovations technologiques, comme l’utilisation de la chaleur des effluents des entreprises voisines, mais aussi les astuces de réalisation, comme par exemple récupérer la chaleur du moteur du frigo pour réchauffer le porte-serviettes de la salle de bain.
Cette équipe d’étudiants, le team Rhône-Alpes, sera applaudie par les sponsors et les enseignants. Elle sera également saluée par Michel André Durand, directeur des Grands Ateliers, qui comme Pascal Rollet se félicitera de la mixité culturelle : architecte, ingénieur, artiste.
En définitive la démarche qui a conduit à Canopéa dépasse le strict cadre imposé par la compétition. Au-delà de la gestion passive ou dynamique de l’énergie, la question de la mobilité des habitants, au niveau du quartier et de la ville, « le vivre ensemble » ont été intégrés au projet.
« C’est peut-être ce qui fera la différence » indique Christophe de Tricaud, jeune architecte de l’ENSAG, qui se plait à espérer pourquoi pas la première place…C’est tout ce qu’on leur souhaite.
Sur le même sujet :