Le castor va peut-être pouvoir petit à petit recoloniser les bords des rivières de France. La construction d’une passe sur le barrage de Couzon au Mont d’Or/ Rochetaillée, dans le Rhône fait sauter un obstacle à la progression de cette espèce qui au Moyen Age peuplait toute la France.
La passe à castor a été construite par l’entreprise Campenon Bernard, sur les conseils de la FRAPNA du Rhône, avec un financement de Voies Navigables de France et du Grand Lyon. Il y a en fait deux passes. L’une à l’aval du barrage, qui permet aux animaux d’arriver sur un terre-plein, en gravissant un pan incliné d’une dizaine de mètres, fait de béton dans lequel des galets ont été placés pour offrir aux castors une plus grande facilité de progression. « Autant le castor est à l’aise sans l’eau, autant il est maladroit sur terre » explique Julien Bocquet, de la Frapna du Rhône. une fois arrivé sur la plate forme située en extrémité du barrage, les castors trouvent en principe facilement une seconde passe, qui leur permet de descendre pour retrouver l’eau. Ils ont alors franchi le dénivelé du barrage et peuvent continuer leur progression vers les berges de l’amont” explique Julien Bocquet.
La construction de la passe représente une dépense de 16 000 euros, qui parait assez faible, comparées aux enjeux environnementaux. Il n’en reste pas moins que c’est une des seules passe à castor construites dans le bassin du Rhône. En effet, jusqu’à présent, la construction de passes à poissons ou de passes à castor n’est pas imposée aux gestionnaires de barrages. De plus, la construction de passes pour les poissons et de passes pour les castors, n’est pas coordonnées, alors que les espèces de poissons migrateurs se trouvent aussi confrontés à des impossibilités de circulation d’un bief à l’autre sur les cours d’eau coupés par des barrages. C’est ainsi que les populations d’anguilles sont menacées, rappelle Jean-Claude Chenu, président de la FRAPNA Rhône.
Le castor colonise a redémarré la colonisation du bassin du Rhône depuis une trentaine d’années, à partir d’un noyau qui était demeuré en Camargue. Le castor a remonté le Rhône, la Durance, et leurs affluents. Il a gagné le Rhône au Sud de Lyon et remonté le fleuve en direction de la Suisse. Dans ce pays, le castor est pris en compte avec l’édification fréquentes de passes.
Désormais le castor pourra remonter la Sâone où les premières populations pionnières commencent à être observées entre Couzon au Mont d’Or et Neuville sur Saône. Le castor est un animal intéressant, curieux, qui a un impact fort sur l’environnement, rappelle Margaux Rat, doctorante en biologie à l’Université Lyon 1 qui a contribué aux études qui ont abouti à la construction de la passe à castor de Rochetaillée Couzon.