Les prochaines années seront difficiles pour l’Europe dans le secteur de l’énergie. C’est ce qu’ont rappelé les intervenants du séminaire organisé par l’INSA de Lyon et KIC INNO ENERGY, société européenne active dans le domaine de la recherche sur l’énergie.
Les données mondiales du marché de l’énergie ont été bouleversées ces dernières années, a rappelé Diego Pavia, président directeur général de KIC Inno Energy. Le gaz de schistes a révolutionné la donne aux Etats-Unis. Mais plutôt qu’exporter ce gaz bon marché, les industriels américains ont obtenu une interdiction de l’exportation. Les industries américaines énergo-intensives ont décidé d’utiliser elles-mêmes cette énergie, pour être en mesure d’exporter des biens compétitifs, notamment des produits chimiques.
Les Etats-Unis capables d’atteindre leurs objectifs
Les Etats-Unis ont en revanche décidé d’exporter le charbon dont ils n’avaient plus besoin. En brûlant du gaz et non pas du charbon, les Etats-Unis pourraient atteindre leurs objectifs en matière de gaz à effet de serre.
L’Allemagne de son côté brûle du charbon bon marché importé des Etats-Unis pour faire tourner des centrales qui produisent de l’électricité quand les champs éoliens de la Mer du Nord sont arrêtés. L’Allemagne, risque ainsi de ne pas atteindre ses objectifs en matière d’émissions de CO2.
Cinq millions d’emplois menacés en Europe
Plus globalement, les conséquences de ce bouleversement énergétique risquent d’être lourdes pour l’Europe. L’Union pourrait perdre 5 millions d’emplois alors qu’elle compte déjà 20 millions de chômeurs.
Les solutions ? Les Européens doivent changer leur vision de l’énergie. Le système énergétique européen ne doit pas placer le consommateur au centre. Le consommateur européen ne connait pas le montant de sa facture d’électricité.
” Nous devons faire une forte pédagogie pour faire comprendre le changement. Nous devons former la prochaine génération pour lui faire comprendre que l’énergie n’est pas une commodité, mais que c’est une valeur. Cela demande cinquante ans ” explique en substance Diego Pavia.
Développer la recherche-développement
Dans ce contexte, la recherche doit changer. Les futurs chercheurs ne peuvent pas être centré sur des travaux seulement technique, en vue de résultats à moyen terme. ” Vous devez être actifs et non passifs.” a rappelé Diego PAVIA. La recherche doit être en veille sur des changements globaux rapides, dans la société, sur les marchés.
Cette attitude est d’autant plus nécessaire que l’Europe investit moins dans la recherche et le développement au moment où l’Asie, les Etats-Unis accroissent leurs dépenses . La recherche et développement sont des clés de l’agenda.