L’intrusion organisée ce lundi matin sur le site de la centrale nucléaire de Tricastin ( Drôme) avait une visée politique claire. Les manifestants de Greenpeace ont déployé rapidement sur les installations de gigantesques portraits de François Hollande, rappelant au Président de la République, ses promesses de candidat, renouvelées , de moins en moins fortement, depuis son élection.
L’intrusion sur le site de Tricastin est sensée montrer la fragilité de centrales ” passoires” sur lesquelles n’importe qui peut à peu près pénétrer. Or, si un groupe organisé peut franchir certaines barrières, il est bien plus difficile d’accéder aux secteurs sensibles d’une installation nucléaire. Des systèmes de protection sur lesquels aucune communication n’est donnée, fonctionnent en effet autour des secteurs vraiment sensibles. “ Nous n’avons pas enregistré d’intrusion qui ait atteint des secteurs sensibles d’une centrale nucléaire” explique-t-on à l’Autorité de Sûreté qui ne suit que les questions techniques.
Action de communication
Plutôt que l’accès aux secteurs sensibles, l’intrusion médiatisée vise à faire penser au public et à des décideurs, que la centrale de Tricastin est une passoire usée, vraiment pleine de trous…L’image est suggestive. Elle laisse penser que la centrale est à bout de souffle.
Il est vrai que la centrale drômoise, passée à la loupe par l’ASN, n’est pas exempte de défauts, d’incidents d’ailleurs largement connus et même publics ( voir le site de l’ASN)
En fait l’intrusion vise à peser dans le débat politique au moment où le Président de la République prend ses distances par rapport à une certaine vision de l’écologie . Le limogeage de Delphine Batho a élargi le fossé entre le Président , le Premier ministres et Europe Ecologie les Verts.
Pas de fermeture de Fessenheim en vue
Les écologistes réagissent donc en rappelant les promesses. Nombreux sont ceux qui ne croient plus à la fermeture symbolique de Fessenheim. ” Le dossier n’avance pas our la fermeture pendant le quinquennat” explique un porte parole d’EELV en Rhône-Alpes. On sait le fonctionnaire chargé de la fermeture n’a pas été reçu par la CGT.
Pour peser dans le débat énergétique, les opposants au nucléaire resserrent les rangs. Greenpeace monte une opération dont il maitrise la réalisation. Sortir du Nucléaire met en cause les dysfonctionnements de COMURHEX déjà rendus publics il y a un an par l’ASN.
EELV entend exploiter la brèche sur le plan politique, et inscrit dans les listes des centrales à fermer, Bugey et Tricastin, les plus anciennes centrales après Fessenheim. Pour arriver à 50% de nucléaire, il faudrait fermer les quatre réacteurs de BUGEY et ceux de Tricastin. C’est une manière d’alourdir l’addition, de prendre date, de faire pression sur un Parti Socialiste encore largement pro-nucléaire.
Pas d’hostilité au nucléaire
Cet engagement pro nucléaire du Parti Socialiste est évident dans la Drôme et l’Ardèche. Récemment, un parlementaire PS expliquait qu’il imaginait assez bien la multiplication de petites centrales nucléaires.
Or, le PS n’est en fait pas prêt à gérer un déclin rapide du nucléaire, ni en Rhône-Alpes, ni ailleurs. Non seulement, les élus socialistes ont parfaitement accompagné le développement du nucléaire, mais ils cohabitent parfaitement avec ce secteur industriel et n’ont pas engagé la moindre réflexion sur un après-nucléaire dans les bassins concernés du Bugey et de Tricastin.