Apiculture

Les pesticides ont aussi un impact négatif dans les jardins privés

Des chercheurs du Centre des sciences de la conservation démontrent pour la première fois les effets de l’emploi de pesticides par les particuliers en France.

L’étude du Centre des sciences de la Conservation , Muséum national d’Histoire Nturelle/CNRS/UPMC, et de l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine de Seine-Saint-Denis a été réalisée à partir de données fournies par une démarche de science participatives. Les résultats  montrent l’impact de l’utilisation des pesticides par les jardiniers amateurs sur les insectes floricoles. Ces résultats sont publiés dans la revue Biological Conservation.

En milieu agricole, les modes de culture et d’utilisation de produits phytosanitaires ont des impacts certains sur la biodiversité. Ces effets doivent exister dans les jardins privés qui représentent surtout en milieux urbains une ressource essentielle  en termes de nourriture et d’abri pour les espèces animales. Mais l’impact des pratiques de jardinage en particulier l’utilisation de pesticides est très difficile à évaluer à grande échelle. Les mesures standardisées manquent et l’accès à des propriétés privées est difficile.

Observatoire de la biodiversité des Jardins

Les auteurs ont évalué les effets à grande échelle des pratiques de jardinage sur deux groupes importants d’insectes floricoles, les papillons de jour et les bourdons. Ils ont travaillé à partir des données collectées par l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins. Les analyses montrent que papillons et bourdons sont moins abondants dans les jardins traités avec des insecticides mais aussi dans les jardins traités par des herbicides. Ces insectes sont par contre plus abondants quand les jardiniers utilisent de la bouillie bordelaise, un fongicide à base de cuivre, des fongicides et des granulés anti-limaces.

L’impact des insecticides sur les insectes est direct. Les herbicides auraient un impact indirect, en limitant les ressources disponibles pour les papillons et les bourdons. Les autres pesticides étudiés auraient un impact positif indirect, favorisant des plantes plus vigoureuses qui offrent alors davantage de ressources aux insectes. Les effets négatifs des insecticides sont plus importants en milieu urbain en raison des difficultés de recolonisation des jardins traités dans une matrice urbaine hostile aux insectes floricoles.

Des résultats valables pour la France entière

Ces résultats valables pour la France entière montrent pour la première fois que les comportements individuels, dans un cadre privé, ont un impact sur la biodiversité, même dans un paysage urbain très anthropisé. Ils prouvent que les conséquences des traitements phytosanitaires sont complexes et ont des effets même sur des organismes qui ne sont pas visés directement.

Si cette étude démontre que les papillons et les bourdons sont plus abondants dans les jardins où des fongicides ou des anti-limaces sont utilisés, cela ne signifie pas que ces pesticides sont bénéfiques pour l’ensemble de la biodiversité. L’effet sur la faune du sol  ( insectes, vers de terre, etc) ne doit pas être sous-estimé. Des études ont montré que les lombrics sont moins abondants dans les parcelles agricoles traitées par des herbicides, des insecticides ou des fongicides qui ne les visaient pourtant pas directement.

L’Observatoire de la Biodiversité des Jardins, qui a fourni les données utilisées dans cette étude, est un observatoire national co-fondé par le Muséum national d’Histoire naturelle, et respectivement
Noé Conservation pour le volet papillons et le Groupe Associatif Estuaire pour le volet bourdons.
Il fait partie du programme de sciences participatives du Muséum, Vigie-Nature.

Référence : Muratet, A., Fontaine, B. (2015). Contrasting impacts of pesticides on butterflies a

nd bumblebees in private gardens in France. Biological Conservation 182: 148–154. http://dx.doi.org/10.1016/j.biocon.2014.11.045

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