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Liaison Transalpine : Auvergne-Rhône-Alpes dramatiquement divisée

   Alors que l’Etat joue la montre sur un dossier européen, Auvergne-Rhône-Alpes n’est toujours pas mobilisé autour du projet. Entre indifférence et opposition, Auvergne-Rhône-Alpes est dramatiquement divisée.

Le corridor ferroviaire Sud de l’Europe passe par les territoires d’Auvergne-Rhône-Alpes, charnière entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord.  Ce corridor est une infrastructure essentielle non seulement pour rééquilibrer l’Europe du sud, mais aussi vers l’Est, en reliant la péninsule ibérique à ‘Europe orientale. Les réseaux de transport efficaces doivent renforcer globalement sa construction à une époque où l’Europe est parfois assiégée.

Mais Auvergne-Rhône-Alpes, où doit se construire la liaison Transalpine dite Lyon-Turin, est aussi devenue non pas locomotive mais le lieu du blocage.  Blocage au niveau des premiers défenseurs de la liaison il y a plus de 10 ans. C’est au sein même du mouvement Europe Ecologie, qu’un renversement de tendance, lors d’une réunion à Chambéry, a écarté les  » verts » soutiens de la Transalpine, au profit d’une tendance qui souhaitait mettre en difficulté la majorité régionale pilotée par Jean-Jack Queyranne. Gérard Leras, était supplanté par Jean-Charles Kohlhaas, ardent  opposant.

Des campagnes de désinformation, manipulant les chiffres, jetant le soupçon, ont semé le trouble autour du projet.  La Déclaration d’Utilité Publique de 2013, n’a jamais été traduite en actes. Le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération de Lyon, assimilé à la Transalpine  a de même été enterré.

Etat centralisé

Ces querelles de gaulois régionaux ont été pain béni pour un Etat parisien à la recherche d’économies, soucieux de délégitimer le projet. Officiellement, la France qui a signé des traités se dit toujours intéressée. Mais comme l’a dit mardi à Lyon Iveta Radicova,  référente du corridor pour l Commission, en France il y a toujours un mais et on n’avance pas.

Or l’Europe avance, et elle est prête à financer une partie des accès français. L’Italie a débloqué le financement pour les accès italiens. Mais Auvergne-Rhône-Alpes est plus divisée que jamais. Les élus écologistes de Grenoble, capitale des Alpes françaises sont plus que jamais opposés, quitte à renvoyer du fret sur Chambéry. Les élus de Lyon et de la Métropole, où siège Jean-Charles Kohlhass, sont opposés au Lyon Turin, et discrets sur le contournement ferroviaire de l’agglomération.

La Région Auvergne-Rhône-Alpes, affirme son intérêt. Elle  accuse l’Etat français de ne pas se prononcer. L’Etat est en banqueroute, explique Laurent Wauquiez, cherchant un avantage politique. Mais au-delà de  cette position politicienne, la parole régionale ast faible.  Frédéric Aguilera, vice-président en charge des Transports, n’a pu porter de parole régionale forte lors de l’assemblée de la Transalpine, car il était occupé comme maire de Vichy par le traitement des effets des orages sur son agglomération. Il n’a pas été remplacé par un membre de l’exécutif de poids.   Catherine Staron, Maire de Vourles, présidente de la Commission transport, missionnée pour la circonstance  s’est borné à dire qu’Auvergne -Rhône-Alpes accompagnait le chantier, semblant ne privilégier que des intérêts de court terme. Aucune parole de dimension européenne, face à Iveta Radicova, et face à Marco Gallazi, vice-président de la Région Piémont,  venu en voiture de Turin, consacrant une journée de son temps, qui a défendu ardemment le projet Lyon-Turin.

 

Un engagement

Certes, Auvergne-Rhône-Alpes a signé avec le Piémont un engagement d’agir pour la réalisation de la liaison transalpine, efficace. Mais la Région ne joue  guère son rôle de moteur. Il ne suffit pas de rejeter  la faute sur l’Etat, sur le Gouvernement. La Région devrait  piloter la mobilisation des territoires, car la Transalpine n’intéresse pas que le Savoie, mais toute la Région, Clermont Ferrand comme Saint-Etienne,  Valence comme Roanne/

La Région devrait piloter une mobilisation permanente, et ne pas laisser l’essentiel de cette responsabilité à la Transalpine dont l’action, tenace, efficace,  est critiquée par certains comme relevant du lobbyiing. La liaison transalpine mérite u débat d’intérêt général.

La Région devrait s’approprier le projet pour l’intégrer clairement dans son Schéma d’Aménagement, de Développement durable, d’Egalité des Territoires ( SRADDET) . La Région devrait montrer comment la future liaison impactera positivement  le réseau ferroviaire régional, les TER, le fret, donc l’industrie.

Or, il n’existe à  notre connaissance au niveau des collectivités territoriales, d’une région de 8 millions d’habitants, aucun pilotage d’un projet qui entre l’Europe et la Savoie, semble n’intéresser personne. Aucune instance de dialogue,  d’expertise, de préfiguration,  de coopération, n’est capable d’organiser un suivi  essentiel pour la région elle-même pour le futur du fret, pour le climat, pour le fonctionnement des TER…

Jacques Gounon, président du Comité pour la Transalpine demande avec raison la création d’une société de projet pour piloter ce dernier. Il faut, du côté des territoires, un pilotage dédié, par exemple un comité mixte issu du conseil régional et du CESER.

michel.deprost@enviscope.com

 

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