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Les métropoles ne doivent pas marginaliser les territoires, par Gérard Clément


L’histoire est faite d’évolutions. La densification des sites industriels a fait naître, à l’échelle infra-urbaine, des infrastructures de transports et d’habitats collectifs souvent désordonnés. L’alliance du développement industriel et de la ville s’est faite alors que les campagnes voyaient se réduire les effectifs de paysans. Cela s’est traduit de manière significative par une désertification de certains territoires, affectant plus particulièrement, dans les zones rurales, celles qui sont restées hors du développement industriel. De cela a résulté une altération de l’équilibre du territoire avec la concentration réalisée autour de pôles de croissance nés de l’industrie et du tertiaire l’accompagnant.


Cela met l’accent sur le fait que c’est la disposition des fonctions tertiaires et intellectuelles supérieures qui fondent désormais la prééminence de la métropole. La coexistence en son sein de ces fonctions et de toutes les autres concernant des populations de la plus grande hétérogénéité rend nécessairement le gouvernement des métropoles délicat avec des risques permanents de divergence.


Quasi mécaniquement, cela met également en évidence l’essor de certaines régions ou agglomérations. Cela n’a pas évité les discriminations et exclusions sociales. Les transformations des firmes et des entreprises industrielles ont souvent conduit à sélectionner une main-d’oeuvre qualifiée, envoyant les travailleurs non qualifiés au chômage. On peut ici évoquer des effets collatéraux de politique publique dynamique créant de nouvelles inégalités spatiales.


Dans son introduction le rapport du Conseil Economique et Social de Rhône-Alpes de 2003 indique : « La métropolisation est la « traduction urbaine de la globalisation ». C’est un ensemble de processus dynamiques qui transforment les grandes villes en métropoles. Elle touche aujourd’hui tous les pays même si elle se manifeste sous des formes différentes qui tiennent aux caractéristiques économiques, sociales, culturelles, politiques et historiques de chacun d’entre eux. Les plus grosses métropoles des pays du Sud fonctionnent le plus souvent sur un modèle très différent que celui décrit dans cette réflexion ; elles attirent beaucoup plus la pauvreté. La métropolisation est au carrefour de logiques régionales, nationales et de la mondialisation avec ses effets positifs (création de richesses) et ses aspects négatifs (massification des exclusions). ».


Egalité des territoires


Là est bien l’enjeu pour Rhône-Alpes de maîtriser le phénomène au-delà des structures. Privilégier le fond aux structures. En d’autres termes définir le gaz que l’on veut collectivement avant de construire l’usine à gaz pour le produire. Plusieurs principes sont essentiels dont celui de la nécessaire égalité des territoires et de la transversalité indispensable. Il importe que le rôle de la puissance publique soit affirmé avec les moyens efficaces de régulation pour éviter les concurrences sauvages entre collectivités dotées de pouvoirs étendus.


Un maillage équilibré du territoire susceptible d’agir en faveur d’une plus grande cohésion sociale passe par la complémentarité des structures. Naturellement la Région doit pouvoir jouer un rôle de chef de file pour réaliser des opérations d’envergure nécessaires au maintien et au développement harmonieux d’une véritable Région – métropole. La crainte des territoires devant l’effet d’aimant de la capitale régionale doit être levée avec le souci constant de ne laisser aucun territoire oublié du développement – n’oublions pas l’effet accélérateur de la crise que nous vivons. Les inquiétudes des territoires « périphériques »– les marches de Rhône-Alpes – pour reprendre une notion historique, sont réelles devant certains projets en cours. La nécessité de survie peut entraîner des réflexes naturels de protection avec les conséquences économiques et sociales que l’ont peut imaginer. Aucun d’entre eux ne souhaite être le parent pauvre de Rhône-Alpes, ni encore moins l’oublié du développement classé en réserve naturelle.


Articuler les agglomérations


Alors si l’articulation de la Région Urbaine de Lyon, du sillon alpin et du francovaldogenevois, est une évidence, l’innervation doit être plus qu’une pétition de principe, plus qu’un axe d’action, plus qu’une priorité. Plus que d’innervation, c’est bien la solidarité régionale permanente qui doit être le noyau dur de tout processus de métropolisation.


Cela demande des orientations fortes partagées par tous. L’idée de projet régional partagé à l’aide d’un schéma régional d’aménagement et de développement prescriptif est plus que souhaitable, elle est nécessaire sous condition d’être le projet de tous les territoires rhônalpins et de tous les Rhônalpins.


Gérard CLEMENT ,Coordonnateur Régional UNION REGIONALE FO RHONE ALPES gcforhalp@aol.com


Le titre et les intertitres sont de la rédaction d’Enviscope.com

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