Nestor Batio Bassiere, Ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement Climatique du Burkina Faso a répondu aux questions d’Enviscope à l’occasion du salon Pollutec, dont le Burkina Faso était l’hôte d’honneur. Nestor Batio Bassière rappelle les engagements et les actions déjà menées par son pays, ainsi que ses priorités.
Quelles sont les priorités environnementales et énergétiques du Burkina Faso ?
Parmi nos priorités figure la question de l’énergie. Notre pays est largement dépendant de l’extérieur pour son électricité, importée à 90 % de Cote d’Ivoire et du Ghana. Nous sommes aussi dépendants des produits pétroliers importés.
Nous avons engagé notre transition sur le plan énergétique. Nous avons mis en service à la fin de 2017 le parc solaire de Zatouli inauguré par le président Macron, qui présente une puissance installée de 37 mégawatt crête. C’est la première centrale solaire de notre pays, mais nous portons aussi le programme « Yelen » du mot moré qui signifie « lumière » , soutenu par la Banque ouest Africaine de Développement, qui vise à créer d’autres centrales solaires. L’objectif est de parvenir entre 2025 et 2030 à une production nationale solaire et hydraulique qui couvre entre 25 et 30 % de nos besoins.
Le Burkina bénéficie-t-il d’un potentiel hydroélectrique ?
Nous avons effectivement des fleuves, comme la Volta, à l’ouest de notre pays, sur lequel a été édifié le barrage de Sandel. Nous avons d’autres barrages, mais en 2017, les difficultés dues justement au climat ont entraîné une baisse de la production car les barrages n’étaient pas remplis.
Le Burkina Faso entend-il développer la valorisation de la biomasse ?
Pour la biomasse forestière, nous sommes plus que prudents. En effet, notre couvert forestier est fragile, et nous protégeons plutôt nos forêts menacées par le changement climatique. En revanche nous entendons valoriser la biomasse issue de déchets agricoles avec un plan de 40 000 digesteurs de petite taille qui peuvent produire du gaz, capable de permettre aussi l’éclairage dans des villages et pour des populations d’éleveurs de la zone sahélienne.
Où la ressource en eau en-est elle ?
Notre ressource en eau est fragile. Non seulement en raison des menaces que font peser la météo ou le climat, mais aussi en raison de menaces dues aux pratiques humaines. Ainsi, nous devons protéger les barrages qui alimentent notre capitale Ouagadougou en eau potable, ainsi que pour les activités maraichères. Le lessivage causé par les pluies peut enfin entraîner des pesticides dans les eaux destinées à la consommation. Nous avons interdit l’usage de pesticides dans certains secteurs cultivés pour les pesticides non homologués. Ces barrages sont considérés comme des zones humides que nous protégeons en adhérant à la convention de Ramsar sur les zones humides.
Comment le Burkina Faso prend-il en charge le dossier des déchets ?
La question des déchets domestiques est un dossier important, que nous avons décidé de prendre en main. Nous avons ainsi interdit l’usage de sachets plastiques qui avaient tendance à se multiplier indéfiniment et à créer une pollution dans nos villes et dans nos villages. Nous allons édifier dans chacune de nos 13 régions des centres de traitement des déchets plastiques.. Cinq ou six sont déjà édifiés et tous les centres seront achevés d’ici à 2020. Nous allons créer aussi cinq unités de traitement pour les déchets ménagers en général. Ces centres seront édifiés et gérés dans le cadre de partenariats public-privé. Ils sont destinés à produire de l’électricité mais aussi du compost et nous recherchons des partenaires pour avancer sur ce projet.
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