La mise en cause de la décision politique de demande de la clause de sauvegarde pour le maïs MON 810 par la France, provoque la réaction de spécialistes de haut niveau en biotechnologies. Une quarantaine de scientifiques ont mis en cause dans un texte publié par le Figaro (rubrique « débats ») la manière dont l’avis du comité provisoire de la Haute Autorité sur les OGM a été élaboré, publié et interprété.
« Nous nous étonnons de voir ainsi peu pris en compte le travail des scientifiques dans ce domaine. Rappelons qu’avant toute autorisation de mise en culture chaque OGM est l’objet, au cas par cas, d’évaluations approfondies tant au niveau national qu’européen” rappelle les signataires, parmi lesquels Douce Roland, de l’Académie des Sciences, spécialiste du métabolisme del a cellule végétale et Dumas Christian (Académie des Sciences), spécaliste du développement des végétaux.
« L’impact sur l’environnement de même que la sécurité sanitaire sont aujourd’hui évalués au plan national par la Commission du génie biomoléculaire (CGB) et/ou l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) puis au plan européen par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). L’autorisation de mise en marché ne peut être obtenue qu’après consultation de ces deux niveaux. Le seul OGM actuellement cultivé en Europe avait obtenu, des instances nationale et européenne de l’époque, un avis favorable” rappellent les signataires du texte.
La décision politique est libre
Les signataires reconnaissent que la décision politique peut reposer sur d’autres critères que les critères scientifiques. Ils refusent le détournement de la science, pour habiller en quelque sorte des décisions strictement politiques. Ils estiment que la parole des scientifiques a été déformée, que « alors que de nombreux scientifiques français ont été publiquement vilipendés, diffamés, voire physiquement menacés, leur probité et leurs compétences ont été remises en question parce qu’ils n’avaient pas l’heur de se joindre au concert assourdissant des critiques contre les OGM» Les scientifiques mettent en avant le recul de la recherche française, la diminution du nombre des expériences, l’expatriation des jeunes chercheurs alors que les Etats Unis d’Amérique, la Chine, l’Inde, la Brésil, investissent massivement. Pour les seuls Etats-Unis, près de 1000 essais ont été réalisés en 2007.
Les chercheurs mettent en avant non seulement l’intérêt technique et économique des OGM, mais aussi leur intérêt écologique, avec des plantes consommant moins d’eau, valorisant mieux l’azote.