Le projet de Grand Stade de l’Olympique Lyonnais, l’OL Land, à Décines, est très critiqué depuis de longs mois par des associations de défense de l’environnement, qui mettent en avant la nécessité de réduire les déplacements dans l’agglomération.
Au-delà des problèmes liés aux déplacements dans l’agglomération à son échelle actuelle, l’exécutif du Grand Lyon piloté par Gérard Collomb présente le projet comme répondant à plusieurs objectifs. Le projet du Grand Lyon prend acte de l’évolution du sport. Il y a quelques décennies le spectacle sportif était très lié à la pratique. C’était un phénomène aux résonances limitées, un phénomène masculin, sans grande portée économique. Le football est devenu un phénomène social global, avec des implications culturelles touchant toutes les générations, aspirant à toucher tous les milieux, et un phénomène ayant des retombées économiques, financières, culturelles, et évidemment politique. Le football est même présenté comme un outil de promotion de l’agglomération, dans un contexte de concurrence entre agglomérations. Et on sait combient le sénateur-maire-président Collomb est très attaché à la compétition entre grande villes en Europe !
Le projet d’un Grand Stade est révélateur de cette évolution. Le projet correspond à plusieurs objectifs. Il correspond aux objectifs d’une entreprise privée, l’Olympique Lyonnais, qui souhaite se doter d’un équipement et d’activités dérivées. Le football spectacle est un moteur de la vie sociale, un moteur de la consommation, des loisirs. Aujourd’hui, dans un environnement assez urbain, le club est locataire de la Ville, et il est coupé de presque toute activité économique dérivée. A Décines, l’OL Land serait symboliquement au cœur du développement, de la future agglomération et donc au cœur de la nouvelle société ! « Le choix du site de Décines-Charpieu est basé sur la prise en compte de différents critères répondant à la fois aux enjeux stratégiques de l’Agglomération (ex : développement des TC) et aux besoins du programme développé par l’OL Groupe».
Avec des activités diversifiées, l’Olympique lyonnais se mettrait à l’abri d’un retournement de la conjoncture footballistique : moindres succès, érosion du phénomène social autour du football. Un stade de football, on le voit avec le Stade de France, peut évidemment servir à bien d’autres activités que le ballon rond : spectacles, etc.
Un équipement d’agglomération
Le Grande Stade deviendrait un grand équipement de l’agglomération, pour lequel il faudrait disposer d’une surface considérable, environ 50 hectares. Le site du Montout, à Décines Charpieu, étudié après l’abandon de celui du Puisoz, à Vénissieux à l’été 2006, s’inscrit dans la vision stratégique d’une agglomération lyonnaise qui s’étend de plus en plus, en particulier vers l’est. En 2020 l’Est de l’Agglomération devrait compter c 40 000 habitants de plus et 38 000 emplois de plus.
Ce scénario d’expansion continue correspond aussi au scénario, critiqué ailleurs en Rhône-Alpes, d’une agglomération lyonnaise tentaculaire, qui concentre les principales activités, d’autres villes n’ayant qu’un rôle périphérique. Le projet est finalement justifié par l’existence ou les projets de plusieurs infrastructures de transports dans l’Est de Lyon et par des réalisations comme le centre commercial et d’activité du Carré de Soie.
Le Centre de l’Est
C’est toute une vision de l’est lyonnais qui se déploie dans le Centre-est qui occupe, depuis le boulevard Laurent Bonnevay à l’ouest jusqu’à la rocade A 46, et de Vaulx-en-Velin à Vénissieux une position charnière entre la ville centre de Lyon-Villeurbanne et le pôle économique de l’aéroport de Lyon Saint Exupéry. Le secteur est aussi présenté comme ayant le plus fort potentiel d’évolution, avec d’importantes marges de développement économique et résidentiel, et concentre une part importante de la richesse économique de l’agglomération. Le site du Montout est aussi présenté comme un élément qui relie la plaine du Biezin et V-Vert et au-delà le secteur du Rhône Amont et du Grand Parc Miribel Jonage. Evidemment, tout cela suppose que soit pris en compte les espaces naturels. Des mesures sont annoncées pour compenser les pertes et protéger la biodiversité. Ce qui semble rassurer la FRAPNA qui a peu pris position sur le dossier pour le moment.
Les besoins en transports du futur équipement resteront énormes. Qu’il s’agisse de sport ou d’activités connexes, il faudra drainer des dizaines de milliers de personnes. Des supporters extérieurs à l’agglomération seront invités à venir au stade (et dans le complexe) par toutes sortes de moyens. Le Grand Stade sera aussi synonyme de déplacements, donc de nuisances?