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Pierre Athanaze : le monde de la chasse est incapable d’évoluer

Vous rappeler l’importance du tableau de chasse, des animaux tués chaque année en France par les chasseurs ?
Chaque année, 30 millions d’animaux sont tués en France, sur 100 millions d’animaux tués par les chasseurs en Europe. La France est le pays où on tue le plus à la chasse, avec 5 millions de mammifères, 25 millions d’oiseaux. Ce tableau n’est pas assez connu, il n’est pas donné tous les ans par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. Les plans et les tableaux de chasse ne sont pas communiqués par les préfectures.
On chasse même en France des espèces très menacées, en particulier le Grand Tétras, qui a disparu des Alpes françaises, alors qu’il demeure dans les Alpes dans tous les autres pays européens. C’est la même chose pour le canard chipeau dont les effectifs diminuent sensiblement.
Qu’est ce qui distingue selon vous la chasse en France ?
La France est le pays qui compte le plus de chasseurs en nombre absolu, avec 1,2 million de pratiquants, soit 1,9% de la population, mais ce n’est pas le pays qui compte la plus grande proportion de chasseurs, c’est la Finlande. L’Europe du sud compte beaucoup de chasseurs.
Ce qui distingue la France, c’est aussi qu’elle propose, même si le pays est grand, le plus grand nombre d’espèces chassées, 90, loin devant d’autres pays. C’est le pays qui consacre à la chasse la plus grande partie de son territoire et le plus grand nombre de jours de chasse puisqu’on peut chasser tous les jours, alors que les autres pays, ont au moins un jour de non chasse. On est aussi hélas, le pays où il y a le plus grand nombre d’accidents de chasse, en particulier d’accidents touchant des non chasseurs. Même si des progrès ont été réalisés, il y a encore beaucoup à faire.

Vous mettez en cause particulièrement les chasses dites traditionnelles, particulièrement cruelles ?
Il y a d’abord le déterrage de blaireaux, qui n’est pas une chasse traditionnelle, et se pratique de la manière suivante. Des équipes de chasseurs enfument le blaireau dont le terrier est bouché, puis un trou est creusé pour récupérer l’animal, le tuer puis le donner aux chiens. Le blaireau est considéré comme nuisible en France alors que nos voisins vivent avec. Le championnat de France de déterrage de blaireau a été supprimé, mais 3000 équipages, venus parfois de l’étranger s’adonnent à ce loisir.
Il y a aussi toutes les chasses traditionnelles et le piégeage avec des pièges qui ne sont pas toujours spécifiques et tuent d’autres espèces que les espèces visées. Certaines chasses traditionnelles, avec des tendelles, des lacs, ne sont pas sélectives, et les animaux souffrent.

Vous dénoncez aussi le braconnage autorisé? Il y a aussi les chasses autorisés dans des espaces naturels protégés, des réserves naturelles, des zones centrales de parcs nationaux, comme dans les Cévennes, et on parle même de chasse dans le futur parc national des Calanques.
La chasse aux ortolans dans le Médoc, fait partie de pratiques qui font circuler beaucoup d’argent. Des ortolans sont piégés, puis engraissés, et livrés à des restaurateurs et des consommateurs, avec des prix qui attiennent parfois 80 euros pour un oiseau.
La chasse n’est pas qu’un loisir, elle est aussi une affaire d’argent et de politique?
La chasse brasse des quantités d’argent importantes, au niveau de certaines fédérations, qui peuvent acheter des fermes. Il y a aussi le chiffre d’affaires des locations de chasse, qui poussent à favoriser le développement des populations de sangliers, une possibilité accrue pour les associations de louer leur chasse.
Il y a aussi des liens étroits avec des députés et des sénateurs à l’écoute de toutes les demandes locales pour maintenir telle ou telle pratique. Les groupes ” chasse” à l’Assemblée Nationale et au Sénat comptent bien plus de parlementaires que d’autres groupes de travail. On voit même en ce moment deux propositions de loi sur la chasse présentées par deux parlementaires différents !
Comment la chasse va-t-elle évoluer?
Je ne suis pas contre la chasse, contre toute chasse, je suis d’une famille de chasseurs qui étaient tolérants. Mais il faut bien se rendre compte que le monde de la chasse a du mal à s’adapter, donc à attirer des jeunes. L’Association nationale pour une Chasse Ecologiquement responsable n’a pas pu prendre. C’est un monde où il n’y a pas de débats, ou la Fédération nationale des chasseurs est incapable de mettre fin à des excès locaux, d’une minorité de chasseurs, qu’elle protège, ce qui ne rend pas la chasse plus populaire.

 

michel.deprost@enviscope.com

1) Le Livre Noir de la Chasse, Pierre Athanaze, 286 pages, Editions du Sang de la Terre

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