Se battre, s’accrocher pour défendre des ateliers, des usines, des emplois, respecter davantage l’environnement : dans le contexte difficile de l’industrie en France la plateforme chimique des Roches-Roussillon illustre la résistance opiniâtre d’entreprises qui veulent s’ancrer dans leur territoire.
Ce jeudi 7 novembre, Osiris, le GIE qui mutualise les services de la plateforme, organisait sa Journée Développement Durable annuelle. Représentants d’entreprises de la plate-fome, d’entreprises locales, salariés, représentants de l’Etat, élus, syndicalistes, militants environnementalistes : quelque deux cent personnes ont répondu à l’invitation du GIE dans la salle du Sémaphore de Roussillon. Alain Authier, président du Comité HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) de la plateforme a accueilli les participants.
Progression des effectifs
Pour le pilier social du développement durable, le bilan 2012 est positif. Frédéric Fructus, directeur d’Osiris présente les chiffres : les effectifs de salariés ont progressé de 10 emplois, avec 90 entrées, 62 personnes en formation par alternance, 55 stagiaires d’écoles. L’année a été aussi positive pour la sécurité et l’environnement. Le nombre d’accidents avec arrêts est inférieur à celui du secteur de la chimie et les accidents n’ont en général pas de lien avec des produits chimiques.
Moins de gaz à effet de serre
Frédéric Kress, responsable environnement d’Osiris, met en avant des chiffres positifs. Les émissions de COV ont continué à diminuer, comme les émissions de gaz à effet de serre. En 2012, Osiris a émis 704 000 tonnes de GES (dioxyde de carbone et dioxyde d’azote), contre 885 000 tonnes en 2000. Les émissions de gaz acidifiants ont augmenté, mais les industriels vont réduire de 300 tonnes leurs émissions de dioxyde d’azote à partir de 2014. La plateforme étudie comment réduire de 1 500 tonnes pas an les émissions de dioxyde de soufre. La mise en service du centre de production d’énergie par biomasse Sita Rekem fin 2014 permettra de réduire encore les émissions de 56 000 tonnes.
Investissements des entreprises
Tout cela est possible car les entreprises peuvent investir. La seule entreprise Adisseo a investi 113 M€ dans une nouvelle unité de production de méthionine, un acide aminé largement utilisé en alimentation animale.
Osiris est exemplaire, et montre la voie pour la chimie de demain. Mais la progression peut être fragile. Solvay a décidé d’arrêter la production de l’herbicide Oxadiazon, qui va entrainer la suppression de 45 emplois. L’entreprise Celanese va fermer supprimant une trentaine d’emplois. Pour André Mondange, représentant de la CGT, les entreprises doivent faire des efforts pour reclasser les salariés. « Les entreprises ont montré qu’elles pouvaient faire des efforts » rappelle Frédéric Fructus.
Une concurrence rude
Les capacités des entreprises ont cependant des limites. Elles sont exposées aux marchés mondiaux. Avec comme avantage leur main d’oeuvre. Avec des handicaps : l’énergie payée par les entreprises françaises est déjà plus chère que l’énergie utilisée par leurs concurrentes allemandes.
Le message des industriels est clair ! Il ne faut pas charger la barque des règlements. Osiris attend la signature du Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT), qui a poussé à investir pour réduire les risques à la source. Un énorme travail a été réalisé par la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) a rappelé Jean-Pierre Foray, responsable de la l’unité territoriale de l’Isère.
Mais les PPRT, décidés après la catastrophe de Toulouse, sont une réglementation complexe et onéreuse. Ils peuvent dissuader des investisseurs. Ce point est parfois mal compris d’associations qui réclament un surcroit de contraintes, d’investissements, d’exercices. Pourtant le surcroit de règles n’est pas une garantie de sécurité. Sans règles aussi dures que les PPRT, des pays ont une industrie et plus compétitive que la chimie française.