Près de quatre millions de ménages, 3 800 000 exactement, consacrent plus de 10% de leurs ressources pour payer leur facture d’énergie. Parmi eux, 62% sont propriétaires de leur logement. Ce sont 2,1 millions de ménages qui sont concernés par le programme Habiter Mieux, essentiellement ceux dont les ressources sont les plus modestes. 80% résident dans des maisons individuelles, majoritairement construites avant les premières normes thermiques de construction mises en place dès 1975. Beaucoup habitent dans des zones périurbaines et dans les campagnes. Souvent ces ménages paient aussi une lourde facture énergétique pour se déplacer dans des secteurs sans transport en commun, où les distances sont longues rejoindre des services.
25 à 35% de gain énergétique
Le programme Habiter Mieux, issu de la loi Grenelle 2 est un programme ambitieux, initié par l’Etat dans le cadre du programme des Investissements d’avenir. L’objectif est d’aider d’ici 2017, des ménages aux ressources modestes et des locataires du parc privé (via leurs bailleurs) à améliorer leur logement par des travaux de rénovation thermique efficaces, afin de gagner en confort et en qualité de vie. Pour bénéficier des aides, il faut atteindre au minimum 25 % de gain énergétique pour les propriétaires occupants, et 35 % pour les propriétaires bailleurs.
Actuellement, le rythme de traitement des dossiers permet de rénover environ 300 logements par jour, ce qui représente un volume annuel de rénovation de 60 000 à 70 000 logements. En cinq ans, ce sont environ 300 000 logements qui devraient être rénovés. On est donc loin de l’objectif de 500 000 logements par an !
La question se pose du degré de rénovation qu’il faut engager. Plus les ambitions sont grandes plus les opérations et les coûts sont lourds. Malgré des financements qui peuvent atteindre 80% de subventions, certains travaux sont tellement lourds, que la charge qui reste à faire supporter par les ménages ne permet pas de faire passer les dossiers.
Une aide difficile à mettre en place
La mise en œuvre d’Habiter Mieux passe par un repérage des ménages susceptibles d’être aidés. Le repérage doit être mené par les CCAS, les élus, les professionnels du bâtiment, les travailleurs sociaux… Le succès d’Habiter mieux repose sur la coordination et la mobilisation d’un grand nombre d’acteurs. Il est essentiel de les sensibiliser aux symptômes de la précarité énergétique et de les informer des aides mobilisables pour qu’ils puissent à leur tour conseiller et orienter ces ménages vers la délégation locale de l’Anah.
Le rôle des élus est primordial, comme tiers de confiance, notamment pour mettre en relation ses concitoyens les plus fragiles avec l’opérateur d’ingénierie, qui a pour mission de leur apporter un conseil neutre et professionnel sur leur projet de travaux, et en appui sur la recherche de devis et de financements
Le montage des dossiers est aussi très long, et nécessite souvent six à sept visites, car il n’est pas facile de convaincre rapidement un ménage dont les revenus sont faibles à s’engager dans une opération qui, certes allègera sa facture d’énergie, mais l’engage à réaliser des dépenses.
