Les vidanges de poche d’eau sous glaciaire ne sont pas exceptionnelles. Mais elles ont une ampleur et un impact variables.
En 2009, une poche d’eau sous glaciaire du glacier du volcan Tronador, à la frontière du Chili et de l’Argentine a provoqué une véritable catastrophe dans la vallée. Les vidanges de la poche du glacier du Trient, dans la partie valaisanne du massif du Mont Blanc, se produisent chaque année en été avec explosion bruyante du bouchon. Le phénomène est connu et attendu. Lorsque la poche d’eau se vidange, elle créer une lave de glace et de boue appelée ” les tines du Trient”, la Tine étant aussi le nom du torrent issu du glacier.
La poche d’eau sous glaciaire du glacier de Tête Rousse, est moins familière. Ce sont les études sur les conséquences du changement climatique qui ont amené Christian Vincent, chercheur au Laboratoire Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (CNRS/Université de Grenoble) à réaliser depuis quelques années des mesures de température à l’intérieur du glacier de Tête Rousse, explique son collègue Emmanuel Le Meur, du même laboratoire. Le glacier descend du massif du Mont Blanc et donne comme émissaire, le Nant de Bionnassay, qui se jette dans l’Arve après avoir traversé Saint-Gervais.
Ces mesures ont révélé des températures en hausse. Les travaux se sont poursuivis avec des forages. Des travaux ont été menés par la Service de Restauration des Terrains en Montagne (RTM) dans le cadre de l’entretien d’un tunnel creusé après la catastrophe de 1892, sous le glacier de Tête Rousse, afin de permettre à une éventuelle nouvelle poche de se vider par cet exutoire. Chaque année, ce tunnel est l’objet de travaux pour lui conserver sa fonction : éventuellement évacuer l’eau d’une nouvelle poche qui se formerait sous le glacier.
Les études ont permis de savoir que de l’eau libre, et pas seulement de la glace se trouvait dans le glacier. Des mesures ont permis de préciser que cette eau se trouvait enfermée dans plusieurs volumes. La technique de Résonance Magnétique par Proton ou nucléaire (RMN) a permis de préciser le volume des poches. Un volume d’environ 60 000 mètre cubes d’eau a été déterminé. Il se trouve à une profondeur de 15 à 20 mètres de la surface du glacier.
Les travaux pour lesquels un appel d’offres a été lancé vont consister à pomper l’eau et à la rejeter sur le glacier. En attendant Saint Gervais s’organise en cette période touristique pour mettre en place le plan de protection à déclencher en cas de vidange soudaine. La menace ne perturbe que marginalement la saison touristique.
Pour en savoir plus sur les vidanges de poches d’eau sous glaciaires:
http://www.glaciers-climat.fr/Glacier_du_Trient/Glacier_du_Trient.html
http://www-lgge.ujf-grenoble.fr/~annel/Documentaire/RisquesGlaciaires/ExMarquants.html