Pour une gestion de la biomasse respectueuse des équilibres globaux

Membre du Conseil Economique Social et Environnemental Régional (Ceser) d’Auvergne-Rhône-Alpes en tant que personnalité qualifiée, Aurélie Dessein, par ailleurs responsable de l’association Mountain Wilderness, s’est exprimée sur le projet de Schéma Régional Biomasse. L’utilisation de la biomasse, comme la bioéconomie en général, doivent selon elle prendre en compte les équilibres biologiques globaux. Les intertitres ont été rédigés par Enviscope.

Pour Aurélie Dessein, les différentes stratégies bioéconomie – biomasse – biodiversité,  la PPE et la PAC ont été élaborées de façon cloisonnée et font peser le risque d’une surexploitation des ressources. ©Ceser Auvergne-Rhône-Alpes

Le Projet d’avis: « Schéma régional biomasse: les conditions d’une réussite » s’inscrit dans une volonté du Ceser de répondre de manière intégrée à des enjeux sociétaux d’indépendance énergétique, de changement climatique, de préservation des ressources, et plus globalement, de préservation de notre environnement.

Ce sujet de l’exploitation de la biomasse, puisque c’est bien d’une vision d’exploitation qu’il s’agit dans le cas présent, peut occasionner d’importants impacts environnementaux qu’il convient de souligner.

Le développement de la « bioéconomie » et de l’utilisation de la biomasse inquiète de façon générale, étant donné que dans le Plan d’action national qui a suivi l’adoption de la Stratégie française de bioéconomie, l’accent a été mis sur le développement, les opportunités, la croissance permise par ce secteur, au détriment d’une approche rationnelle des possibilités et des limites des ressources, des risques d’impacts sur la biodiversité, des modalités de gestion des conflits d’usages/compétition sur les ressources.

Une éco-conditionnalité trop faible

En conséquence, on constate que dans les appels à projets de l’Etat pour la bioéconomie (Ademe-PIA), qui concernent toute la biomasse dont la forêt, mais aussi les matières d’origine agricole, la biomasse marine ainsi que les biodéchets, la conditionnalité environnementale / écologique est très faible.

La question est celle d’une gestion globale – protectrice – renouvelable des ressources, problématique aujourd’hui. En effet les différentes stratégies bioéconomie – biomasse – biodiversité, ainsi que la PPE (Programmations pluriannuelles des Energies), sans oublier la PAC, ont été véritablement élaborées de façon cloisonnée, en silo, et leur cohérence fait pour le moins défaut. Il est nécessaire que les pouvoirs publics et les organismes qui recensent les ressources en biomasse comme France AgriMer, même si cet acteur peut sembler éloigné des contrées régionales de prime abord, et l’Ademe, régulent leur utilisation et organisent le marché pour éviter une surexploitation des ressources.

L’avis de l’Autorité environnementale sur le projet de Schéma régional biomasse AuRA est à cet égard, à réellement prendre en compte, tant sur les perspectives d’impacts du changement climatique, sur l’évolution de la production de biomasse que sur la question de l’anticipation précautionneuse de la gestion quantitative de l’eau dans ses différents usages.

Maintien des équilibres biologiques

Le maintien des équilibres biologiques nécessite d’être systématiquement analysé. La vigilance doit être de mise pour que le terme de « bioéconomie » ne se résume pas à une économie issue du vivant, mais ambitionne véritablement une économie vertueuse pour la préservation de l’environnement.

De façon opérationnelle, pour revenir à l’avis sur le Schéma Régional Biomasse soumis au vote de notre assemblée aujourd’hui, l’axe 2 sur la Combustion aurait également mérité un focus sur un point spécifique : celui de systématiser l’élaboration et la mise en place de Plans d’Approvisionnements Territoriaux, qui permettent d’organiser l’approvisionnement local en bois industrie/énergie et en bois d’œuvre, tout en évitant les conflits d’usages entre acteurs économiques et échelles territoriales.

A titre d’exemple, une centrale thermique électrique de dimension inter-régionale approvisionnée en biomasse pourrait aisément venir concurrencer les filières locales, réseaux de chaleur, etc, qui se développent de plus en plus aujourd’hui.

Pour compléter l’analyse, une variable en lien avec le Climat mériterait d’être apportée au document dans les préconisations communes à la méthanisation et à la combustion (axe 3-préconisation 9). Au-delà de « Diligenter une étude prospective pour analyser les évolutions de l’agriculture et de la sylviculture », il conviendrait probablement de « Diligenter une étude prospective de l’impact du changement climatique sur l’avenir de l’agriculture et de la sylviculture AuRA ». L’évolution du climat impactera de plus en plus le vivant et nos modes de vie ; une vison intégrée des travaux du Ceser incluant ce paramètre apparaît aujourd’hui incontournable.

Pour conclure mon propos, la pertinence de cet avis du Ceser sur la biomasse est à souligner et je confirme que je le voterai avec grand intérêt. Parallèlement, mon attention se focalise toutefois sur la sobriété énergétique. Nos civilisations regorgent de créativités technologiques. Pourtant les préconisations du Giec pour atténuer le changement climatique peinent à être au centre de nos choix de société. La sobriété énergétique mérite véritablement de constituer un préalable au développement de toutes les dispositions pour accentuer le mix énergétique.

 

 

 

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