La convention signée le 9 novembre par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée et Corse et le BRGM, permettra le financement d’études sur les ressources en eau des massifs karstiques du bassin. En effet le bassin Rhône-Méditerranée et Corse comprend de vastes zones karstiques, du nom du Karst, région de Slovénie où ces formations sont nombreuses. Des zones kartisques se trouvent dans les Préalpes (Chartreuse,Vercors) mais aussi en Ardèche pour ce qui concerne Rhône-Alpes.
Ces formations géologiques sont formées par les eaux de pluie qui s’infiltrent dans les roches en les dissolvant, puis circulent de la manière souterraine où elles sont souvent stockées, sous forme de rivières. Ces cavités et conduits, dits « karstiques », peuvent localeme ont avoir une grande taille et être parfois visitables en spéléologie ou en plongée spéléologique.
Evaporation de la Méditerranée
La proximité du littoral méditerranéen confère aux aquifères karstiques des propriétés singulières découvertes récemment par les hydrogéologues. La fermeture du Détroit de Gibraltar il y a 6 millions d’années environ au cours de l’épisode dit “messinien” a tari les apports d’eau de l’océan Atlantique. La fin de ces apports n’a pas été compensé par les fleuves qui se déversaient dans la mer. Cette dernière s’est quasiment entièrement évaporée. Son niveau a été abaissé jusqu’à environ -1500 m par rapport au niveau actuel. Pour la rejoindre tous les fleuves côtiersont creusé de profonds canyons. Le canyon du Rhône avait près de 1000 mètres de profondeur en Camargue et remontait jusqu’en amont de Lyon.
Sources recouvertes
Lors de la fermeture du Détroit de Gibraltar, les cavités et galeries karstiques ont pu se développer jusqu’aux points les plus bas de ces canyons. D’importantes sources karstiques coulaient alors au débouché de ces galeries pour se déverser dans les fleuves situés très en contrebas.
Quand le niveau de la Méditerranée est remonté, avec une réouverture du Détroit de Gibraltar ces canyons et ces sources karstiques ont été recouverts et comblés de sédiments. Ils sont maintenant profondément enfouis sous les plaines littorales et les sédiments du fond de la mer. En revanche, les réseaux karstiques développés au sein des roches calcaires y ont été préservés tant à terre qu’en mer. Du fait de leur grande profondeur par rapport à la surface actuelle du sol, ils confèrent à la partie de ces aquifères karstiques périméditerranéens « sous couverture » située à terre un potentiel tout à fait exceptionnel en terme de ressource en eau.
Les études cofinancées par l’Agence de l’Eau et par le BRGM auront pour but de mieux connaître ces aquifères, de connaître les canyons et les aquifères karstiques qui leur étaient associés. Cette méthodologie sera développée à l’échelle de la partie nord du golfe du Lion et de son arrière-pays.
Elle s’appuiera notamment sur la réinterprétation, de données géophysiques recueillies lors des prospections pétrolières réalisées à terre et en mer au cours des dernières décennies et des forages profonds qui les ont accompagnées. Ces résultats seront utilisés pour la réévaluation de la ressource en eau des aquifères karstiques déjà exploités. C’est le cas de l’aquifère de la source du Lez qui alimente en eau la ville de Montpellier. Mieux connues, les ressources pourront ainsi faire l’objet de pompages plus importants qu’actuellement, dont le débit sera déterminé en fonction de la profondeur de leur karstification. Les résultats permettront la mise en exploitation de nouvelles ressources en eau au sein d’aquifères karstiques encore non exploités et la caractérisation du risque de crues sur les bassins versants karstiques. Par ailleurs, ils permettront de définir les conditions d’une protection efficace de ces ressources en eau, notamment contre les contaminations d’origine humaine.
