Le sommeil paradoxal, phase du sommeil pendant laquelle nous rêvons contribue au
maintien de notre identité psychologique. Il est aussi important pour la mémoire. Cette phase du sommeil associe une absence de tonus musculaire à une activité cérébrale intense. Des travaux expérimentaux chez le chat et le rat ont montré que le mécanisme du sommeil paradoxal prend naissance dans la partie la plus ancienne du cerveau, le tronc cérébral puisse propage jusqu’aux
étages supérieurs du cerveau pour se concrétiser en imagerie onirique dans le cortex cérébral.
Les premières hypothèses concernant la nature des neurotransmetteurs impliqués dans la genèse du sommeil paradoxal faisaient intervenir deux molécules : l’acétylcholine et les monoamines. Le laboratoire « Physiologie et physiopathologie des réseaux neuronaux du cycle veille-sommeil » CNRS/Université Lyon 1 a publié le 23 janvier dans la revue scientifique Plos One de nouveaux éléments. L’équipe dirigée par Pierre- Hervé Luppi a montré l’intervention d’une troisième famille, celle des acides aminés, en particulier le GABA et le glutamate.
En combinant deux méthodes anatomiques avec un modèle d’hypersomnie chez le rat, Emilie Sapin a localisé précisément ces neurones GABAergiques qui produisent les molécules GABA. Une importante population de ces neurones se trouve dans la partie caudale du tronc cérébral, dans des sites-clés contrôlant les afférences sensorielles et le tonus musculaire, fonctions inhibées pendant le sommeil paradoxal. La population la plus importante est localisée dans une région très restreinte de l’avant du tronc cérébral . Elle comporte un mélange de neurones susceptibles de déclencher le sommeil paradoxal et de neurones susceptibles de l’empêcher d’apparaître.
Les travaux importants de l’équipe lyonnaise pourraient aider à mieux comprendre les épisodes de chute brutale du tonus musculaire (cataplexie) qui surviennent chez certains patients atteints d’une maladie de la vigilance, la narcolepsie.
Source, délégation CNRS Alpes-Auvergne.
Les résultats sont publiés dans la revue PLoS ONE : “Localization of the brainstem GABAergic neurons controlling paradoxical (REM) sleep. Periaqueductal GABAergic neurons control REM sleep”, par Emilie Sapin, Damien Lapray, Anne Bérod, Romain Goutagny, Lucienne Léger, Pascal Ravassard, Olivier Clément, Lucien Hanriot, Patrice Fort et Pierre-Hervé Luppi.