C’est Michel Destot, député maire de Grenoble qui ouvre le débat. Il est chez lui dans sa ville ; il veut que l’on continue à bien y vivre, mais aussi répondre aux questions que posent principalement les territoires urbains, lesquels produisent environ 80% du CO2 et de l‘énergie qui lui est liée. « Avoir des villes plus efficaces au plan énergétique, c’est avoir une qualité de vie » dit-il, prenant a contrario l’exemple de Bangalore, « au top du top pour les logiciels, mais dont la traversée prend quatre heures » ou Sao-Paulo, où l’on ne peut assurer que deux rendez-vous professionnels par jour, tellement la circulation est inextricable.
« On entre dans le dur »
En France, Bruno Rebelle dresse les constats. Il est l’un des six membres du comité de pilotage du débat national. Clairement pour lui, « on entre dans le dur ». Le groupe d’experts a répertorié tous les scenarios énergétiques existants (ceux de l’Ademe, Negawatt,…) et les a regroupés en trois familles, de celle où on laisse faire à celle où on entreprend les réductions les plus drastiques. Seule cette dernière famille permet d’obtenir la réduction de facteur 4 qui est visée.
« La rupture est importante, bien entendu technologique, mais surtout socio-organisationnelle et politique » explique Bruno Rebelle. Maintenant que le problème est proche de nous, une question lourde est celle de l’accompagnement au changement des comportements.
La technique des « 4 D »
Il indique ensuite les pistes, qu’il résume à “4 D” : 1- Diversifier, chercher tous les gisements d’énergies, on ne pourra se contenter d’une ou deux comme aujourd’hui avec le pétrole et le nucléaire, 2- Déconcentrer les gros tuyaux et créer un maillage de petites unités, 3- Décentraliser en donnant plus d’autorité aux territoires, 4- Démocratie et dialogue.
Il faudra bien sûr s’intéresser aussi aux réseaux d’électricité, de gaz et de chaleur, maintenir la péréquation, mais la dissocier de la gouvernance, s’appuyer pour cela sur des exemples locaux tels celui de GEG.
Des coûts globaux, auxquels intégrer les coûts évités
La finance aussi. « Si on économise 20 milliards d’euros par an, on peut faire des choses » annonce Bruno Rebelle, faisant référence aux économies d’énergie réalisables à travers l’isolation et la réhabilitation du bâti. « Il faut raisonner coût global, investissements plus exploitation, en intégrant les coûts évités. Le problème, c’est qu’on n’est pas habitué à raisonner à 30 ou 40 ans. Il faut d’abord se mettre d’accord sur les objectifs à 2050 et voir après comment on y va ».
Ne pas se bloquer
Reprenant les propos de Bruno Rebelle, Benoît Leclair, vice-président de la Région en charge de l’Environnement, fait état lui aussi d’une crispation du débat au niveau national. « Pourtant la transition énergétique a déjà commencé.Il faut la booster », dit-il. « Quant à la péréquation, c’est un cache-sexe qui bloque les discussions. On peut la faire tout en conservant les valeurs, mais avec plusieurs opérateurs ».
Enfin il en appelle à une impulsion politique forte dans le cadre de la loi de programmation, avec une implication des territoires et de leurs habitants.