L’Université d’Eté de l’Environnement organisée par l’Association pour la Promotion des Eco-entreprises Lyonnaises ( APPEL) s’est ouverte ce jeudi 27 septembre. Pour prendre la mesure des défis environnementaux, l’économie et l’industrie doivent changer d’approche. Il faut compter différemment les coûts et concevoir les produits d’une manière nouvelle, en prévoyant dès la conception, économie et recyclage.
Produire autrement : la troisième Université d’été de l’Environnement organisée par l’Association de Promotion des Eco-entrepises Lyonnaises ( APPEL) a décidé de proposer une approche radicalement nouvelle. Elle a invite pendant deux jours les représentants d’entreprises à prendre du recul et à réfléchir pour voir loin et large, sur certains thèmes qui sont ceux du ” Grenelle de l’Environnement”. Un Grenelle qui tout en mobilisant à Paris de possibles participants, confirme l’intuition des organisateurs lyonnais.
L’Université aborde en effet le thème de travail du groupe numéro 4, produire et consommer d’une manière durable et le thème du groupe 6 « Promouvoir des modes de développement écologiques favorables à l’emploi et à la compétitivité ».
Entreprises et collectivités
La table ronde d’ouverture confirmé que les enjeux sont partagés. L’Université se tient au Palais du Commerce, siège de la Chambre de Commerce et d’Industrie : les entreprises veulent s’impliquer, a rappelé Guy Mathiolon, président de la CCIL, lui-même dirigeant d’une entreprise active dans le secteur de l’environnement. Les collectivités aussi ont compris l’importance de l’environnement, non seulement pour le cadre de vie, mais aussi pour la compétitivité des entreprises. Gérard Collomb pour le Grand Lyon et Jean Jack Queyranne pour la Région ont rappelé l’engagement en faveur de la recherche, des pôles de compétitivité, Alexera( chimie-environnement), Lyon Urban Trucks and Bus ( transports), TENERRDIS ( énergies).
L’Association pour la Promotion des Eco-entreprises Lyonnaises est donc conforté dans son rôle d’animateur, à côté de la CCI, des quelque 700 entreprises engagées dans l’environnement en région lyonnaise, qui emploie environ 11 000 salariés. Le but de l’APPEL, en avance lors de sa fondation à l’occasion de POLLUTEC 1996 , est de conserver de l’avance, en posant les problèmes en amont, estime Lionel Roche, président de l’association. Décalée par rapport à POLLUTEC Paris, en alternance avec POLLUTEC Lyon ( en 2008) l’Université de l’Environnement n’est pas le rendez-vous des services et des produits. C’est un lieu de réflexion qui permet de dessiner des stratégies.
La décroissance n’est pas la solution
Ce qu’a permis de faire la table ronde d’ouverture dont on peut résumer le message : il faut raisonner autrement pour gérer et pour produire. Il y a urgence c’est évident. Il faut changer de modèle, c’est sûr. Et le modèle de demain est clair. « La décroissance n’est pas a solution» affirme Jean Louis Chaussade directeur général de Suez Environnement. Il y a trop à faire pour améliorer la vie de milliards d’hommes. Mais sur une Terre avec 6 ou 9 milliards d’habitants, il faudra utiliser de moins en moins de matière et d’énergie.
« Il faudra compter différemment , explique en susbtance Yves Cabana, directeur du Développement Durable de Véolia. Les entreprises devront intégrer dans leur prix, l’économie de matière première, la protection, la gestion de la ressource. Les marchands d’eau feront payer l’eau qui coule au robinet, leurs investissements qui représentent 80% du coût, et la sécurite d’approvisionnement pour demain.
Reste à changer de modèle, de paradigme. Tout cela prend du temps. Tout cela se fera sous la pression des normes, des négociations internationales, des marchés. Tout cela s’anticipe.
Analyse du Cycle de Vie
Et en Rhône-Alpes, beaucoup d’entreprises se préparent, comme l’a rappelé Guy Fabre, délégué régional de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ( Ademe). Les entreprises se convertissent à l’éco-conception, qui consiste à imaginer, à mettre au point un produit, en maîtrisant les caractéristiques des matériaux, du processus de production, le démantèlement du produit, le recyclage des matériaux. L’avenir est à l’ACV, l’Analyse de Cycle de Vie.
Et l’idéal, c’est d’avoir des produits dont les matériaux sont à 100% recyclables. Des produits dont l’énergie utilisée pour les fabriquer est elle-même renouvelable.
Utopie, pour certains, objectif pour d’autres. C’est dans cette direction que doivent travailler les ingénieurs. Pierre Moskowicz, professeur à l’INSA de Lyon, président du comité d’organisation du congrès sur la formation des ingénieurs aux développement durable tenu à Lyon il y a quelques mois, explique que les jeunes ingénieurs se passionnent pour ce défi.
Ils devront aller plus loin encore. Ne plus régler les problèmes, mais les éviter. « Il ne faut plus se contenter du cook and look, cuisiner et regarder le résultat» explique Pierre Toulhoat, de l’INERIS ( Institut National d’Etudes et de Recherche sur les Risques Industriels). Pour que l’éco-conception réalise un bond en avant, les ingénieurs devront se rapprocher de la recherche et imaginer des produits aux qualités durables, encore plus durables…
Université d’été de l’Environnement: aussi le vendredi 28 septembre, au Palais du Commerce de Lyon, informations sur le site www.universite-ete-environnement.com
