Environnement

Le dossier des Brassières, à Domène et au Versoud, “ensablé” par l’instruction

Pourquoi l’instruction du dossier de pollution de l’ancienne gravière des Brassières, sur les communes de Versoud et de Domène ( Isère) n’avance-t-elle pas ? C’est la question lancinante que se posent les responsables de la FRAPNA Isère, plus de huit ans après avoir déposé plainte.


Une question d’autant plus fondée que le dossier nse serait pas “compliqué”.


L’origine de la pollution est évidente. Edmond Hue, responsable de la commission Carrières à la FRPNA de l’Isère, se souvient d’avoir vu en 1999, une noria de camions venir déposer des déchets dans l’étang créé par la montée des eaux, dans l’ancienne gravière creusée à vingt cinq mètres du lit de l’Isère. « Des camions venaient déposer n’importe quoi et un bull dozer poussait le tout et recouvrait de terre. J’ai alerté les municipalités, nous avons déposé plainte».



Contre expertise





C’est le 9 novembre 1999, que l’association dépose plainte avec constitution de partie civile, auprès du doyen des juges d’instruction de Grenoble. Pour être certaine que le dossier avance.


Le dossier démarre donc. Mais bouge peu. Une première expertise est incomplète. Une contre expertise va plus loin et montre la présence dans le remblai et dans l’eau, de PCB, d’aluminium, de mercure, etc. Puis plus rien.



Cinq juges d’instruction se succèdent. La municipalité de Versoud consent une consignation de 5000 euros pour financer en partie d’éventuels travaux. La commune de Domène ne sort pas un sou. Tout le monde fait le mort. L’Etat est même condamné par le tribunal administratif de Grenoble, à payer 5000 euros pour n’avoir pas réagi pour faire cesser les apports de déchets. Une attitude d’autant plus surprenante que le même Etat ( Direction départementale de l’Action sanitaire et Sociale, Direction de l’Industrie) avait refusé l’exploitation de l’ancienne gravière en décharge.Depuis des années donc la situation est au point mort. Techniquement, le dossier est simple. Les risques sont évidents pour une nappe phréatique et l’environnement. « Du maïs cultivé sur une partie du site n’a pas pu être commercialisé » explique Edmond Hue.



Des soupçons




C’est au dessus que ça coince pour écrire familièrement. Les auteurs des dépôts eux-mêmes, les auteurs de négligences, sont iidentifiables. Les camions, la provenance des déchets, tout peut être reconstitué. « Nous avons des soupçons» explique-t-on à la FRAPNA, qui respecte le secret de l’instruction, le travail de la justice.



Tout se passe comme si le dossier était devenu trop dérangeant, impliquant trop de personnes, trop d’indifférence coupable. Tout se passe aussi comme si la pollution était une affaire ancienne. Un affaire classée.


C’est vrai, la végétation a poussé sur la décharge entourée d’un grillage, fermée. Tout prend bien la tournure d’une affaire enterrée, alors qu’il faudrait dépolluer le site pour lui rendre un aspect acceptable pour l’environnement.



La FRAPNA compte sur la période préélectorale pour faire bouger un peu le dossier, l’apporter sous les projecteurs des débats municipaux, et obtenir de connaître les responsables, pour les faire participer à une remise en état pour laquelle, de toutes les manières le contribuable devra mettre la main la poche.


michel.deprost@free.fr


VOIR AUSSI