Les racines anciennes n’ont pas suffi. Le château et ses jardins appartiennent depuis 1655 à la famille d’Yves. Ecrire une nouvelle page, fidèle et respectueuse, pour faire vivre un patrimoine privé, un peu secret, est un combat.
Yes d’Yvoire se rappelle. « La commune voulait un parking. Personne ne comprenait, des collectivités aux visiteurs en passant par les enseignants, qu’on paie pour visiter un jardin ». Le public est familier des parcs municipaux renouvelés plusieurs fois par saison par des services technique qui suivent un calendrier précis.
A Yvoire, pas de mécanique administrative, zéro subvention derrière les haies, les pommiers, les alignements de plantes médicinales ou alimentaires. Il a fallu investir, jongler avec les exercices périlleux, recourir à un architecte paysagiste, à un architecte, à une entreprise. Il a fallu de la patience et de la ténacité, des vertus jardinières.
Aujourd’hui, le Jardin est beau, embaume, surprend, emploie deux jardiniers et demi à l’année, cinq en saison, et sept personnes pour l’administration l’accueil, le commercial.
Le goût des jardins
Yves et Anne Monique, dans une répartition équilibrée des tâches, ont fait grandir lentement dans le public le goût pour les jardins et le respect pour la valeur des choses, que les Anglo Saxons partagent depuis longtemps. Surmontée aujourd’hui, la barrière psychologique d’une poignée d’euros pour une découverte qui vaut bien quelques boules de glaces. L’équipe de Jardin a fait grandir l’intérêt pour le végétal. « Il y quelques années année, l’intérêt était esthétique, aujourd’hui, le public s’intéresse davantage au fonctionnement des plantes » explique Philippe Pinon, Directeur.
Il a fallu y mettre une dose de surprise : l’armoise qui sent la boisson à la coca, des pélargoniums aux effluves surprenants, des plantes qui se mangent, des fleurs qui soignent et d’autres qui tuent.
Dans le Jardin les Cinq sans on cultive aussi l’art du conseil. Chaque dimanche un jardinier bine, taille, arrose, répond aux questions, prodigue des conseils.
Yves d’Yvoire et Anne Monique ont écrit à plus de trois siècles d’histoire, une courte page d’un quart de siècle, moderne et respectueuse de l’esprit du lieu avec un souci de la qualité, avec un respect du visiteur qui donnent son prix à la découverte. Et prépare l’avenir.
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Michel Deprost michel.deprost@enviscope.com